Afrique: Mettre de la nourriture sur la table - Comment les Centrafricains réagissent à la crise alimentaire ?

communiqué de presse

LES POINTS MARQUANTS

  • Près d'un Centrafricain sur deux fait face à l'insécurité alimentaire et on estime que 300 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère.
  • Le projet d'appui à la relance de l'agriculture et au développement de l'agro-industrie, financé par l'IDA, contribue à renforcer les capacités des micros, petites et moyennes entreprises agro-industrielles, permettant de créer des emplois et de fournir de la nourriture à la population.
  • Quelque 329 000 petits exploitants agricoles ont reçu des semences, des outils agricoles et une formation aux techniques agricoles et post-récolte grâce au projet de réponse d'urgence à la sécurité alimentaire financé par l'IDA, leur permettant ainsi de devenir plus résilients.

Ce matin, au marché central de Bangui, de nombreux acheteurs font part de leurs préoccupations et de leurs difficultés quotidiennes à mettre suffisamment de nourriture sur la table pour leurs familles, alors que les prix des denrées alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois.

La sécurité alimentaire en République centrafricaine a basculé dans l'urgence. Selon les estimations, environ 2,4 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire et près de 300 000 enfants de moins de cinq ans souffriraient de malnutrition aiguë sévère. Les défis auxquels la population est confrontée chaque jour se sont aggravés en raison de l'augmentation de plus de 20 % des prix des principaux produits alimentaires au cours des cinq dernières années, et près de la moitié de la population centrafricaine n'est pas en mesure de satisfaire ses besoins alimentaires quotidiens minimums.

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Crédit : Vincent Tremeau/Banque mondiale

Sur les 6,1 millions d'habitants que compte l'Afrique centrale, plus de 4,5 millions (75 %) dépendent de l'agriculture. L'augmentation des rendements agricoles est donc au coeur de la transformation économique du pays. Avec les réformes et les investissements appropriés pour promouvoir des pratiques agricoles intelligentes face au climat et le développement du secteur des engrais, le pays pourrait nourrir sa population.

« Avec le manioc, on peut faire beaucoup ! »

Bienvenu Victorien Kangando est un cultivateur de manioc du village de Zere Congot, en République centrafricaine. Il a récemment fait passer son exploitation de quatre à 14 travailleurs après avoir agrandi la zone où il pouvait faire sécher son manioc. Les efforts de Kangando pour créer plus d'emplois et de nourriture contribuent déjà à améliorer la nutrition et les moyens de subsistance de sa communauté.

Mon rêve, c'est d'intensifier la production de manioc et de me diversifier dans des cultures comme le maïs, l'arachide et les haricots, pour pouvoir diminuer un peu le taux de chômage. Bienvenu Victorien Kangando Cultivateur

Crédit : Vincent Tremeau/Banque mondiale

« Mon rêve, c'est d'intensifier la production de manioc et de me diversifier dans des cultures comme le maïs, l'arachide et les haricots, pour pouvoir diminuer un peu le taux de chômage. »

La Banque mondiale aide les agriculteurs comme Bienvenu Victorien Kangando, en soutenant la construction et la réhabilitation d'infrastructures essentielles. Elle fournit pour cela des subventions de contrepartie aux projets pilotés par les populations locales.

Ainsi, le projet d'appui à la relance de l'agriculture et au développement de l'agriculture commerciale s'emploit à augmenter la productivité agricole des petits exploitants, renforcer les capacités des micros, petites et moyennes entreprises agroalimentaires, et apporter une réponse immédiate et efficace en cas d'urgence.

Plus de 186 000 personnes - dont plus de 102 000 femmes et 15 000 jeunes - ont bénéficié du projet, qui a permis de fournir des aires de séchage aux agriculteurs, de développer les marchés, d'améliorer les routes et de livrer 2,2 tonnes de semences d'arachide et de maïs pour reconstituer le patrimoine génétique du pays.

Apprendre à gérer l'urgence

Nouhou Jolly élevait du bétail, mais lorsque la crise a éclaté en RCA, il a dû fuir l'insécurité et a trouvé refuge à Bambari. À ce moment-là, il a perdu tout son bétail, a dû se reconvertir dans l'agriculture et devenir agriculteur.

Le projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique (PRUCAC) financé par l'Association internationale de développement (IDA), a procuré à 329 000 petits exploitants - parmi lesquels Nouhou - des semences, des outils et une formation aux techniques agricoles et post-récolte, pour développer leur production tout en résistant mieux aux risques liés au climat ou aux conflits. Résultat : la production alimentaire locale est passée de 28 000 tonnes en septembre 2022 à 73 000 tonnes en juin 2023, soit une augmentation de 250 %.

Cela a changé la donne pour Nouhou et tous les agriculteurs qui bénéficient du PRUCAC grâce à un partenariat réussi entre le ministère de l'agriculture, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui s'appuie sur les forces de chaque partenaire pour obtenir des résultats à grande échelle.

Garantir une vie meilleure à la population de République centrafricaine nécessite une approche multidimensionnelle de la crise alimentaire, en soutenant la production et les producteurs, en renforçant la résilience du système alimentaire et en investissant dans la nutrition, afin que tout le monde ait suffisamment de nourriture aujourd'hui et demain.

L'histoire du changement commence avec des entrepreneurs et des agriculteurs comme Bienvenu Victorien Kangando, Nouhou Jolly et bien d'autres.

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