Dakar — La direction générale des élections (DGE), répondant à une lettre de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui lui demande de remettre les fiches de parrainage au mandataire d'Ousmane Sonko, dit s'en remettre à l'ordonnance de la Cour suprême lui donnant déjà raison.
La Cour suprême, saisie d'un recours des avocats de M. Sonko, a estimé, le 6 octobre, que la DGE avait bien raison de ne pas remettre le matériel nécessaire pour la collecte des parrainages au mandataire de l'opposant.
Les conseils du maire de Ziguinchor (sud) estiment que seul le Conseil constitutionnel a le droit de statuer sur la validité des candidatures.
Dans un communiqué, la DGE argue que le nom d'Ousmane Sonko ne figurant pas dans le fichier électoral, les outils de collecte de parrainages ne doivent pas être remis à son mandataire.
"Cette position de la DGE a été confirmée par l'ordonnance numéro 23 du 6 octobre 2023 [...] de la première chambre administrative de la Cour suprême", fait valoir son chef, Tanor Thiendella Fall.
"Le défaut de présence sur le fichier électoral étant le fondement de la position de la DGE, vous conviendrez que [cette dernière] ne puisse évoluer actuellement sur cette question", soutient M. Fall dans une correspondance adressée au président de la CENA et remise à la presse.
Sur cette base, argue le directeur général des élections, "tout autre acte serait en contradiction avec la décision de la chambre administrative de la Cour suprême susmentionnée".
"Je tiens à souligner que la DGE n'a pas de compétence pour mener une quelconque action sur le fichier électoral", soutient Tanor Thiendella Fall.
Le tribunal de Ziguinchor (sud), statuant sur la radiation d'Ousmane Sonko du fichier électoral, début octobre, l'a jugée illégale, l'a annulée et a ordonné sa réintégration.
"Monsieur Ousmane Sonko doit jouir de son statut d'électeur inscrit sur les listes électorales"
En raison de cette décision de justice, la CENA, dans une lettre adressée à la DGE, estime que "monsieur Ousmane Sonko doit jouir de son statut d'électeur inscrit sur les listes électorales, avec tous les droits y étant attachés".
L'État a décidé de faire appel de la décision du tribunal de Ziguinchor. Le 20 octobre, la DGE a déclaré attendre la décision du procès en appel pour savoir s'il faut ou pas remettre les fiches de parrainage au mandataire de l'opposant.
M. Sonko, candidat à l'élection présidentielle du 25 février prochain, a été inculpé pour des faits d'appel à l'insurrection, d'association de malfaiteurs, d'atteinte à la sûreté de l'État et de complot contre l'autorité de l'État, le 31 juillet.
Le jour de son inculpation, le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti, Pastef-Les patriotes.
"Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels", a argué M. Diome, ce que les responsables et les militants de ladite formation politique ne cessent de nier.
M. Sonko est arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2019, derrière l'ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall.
Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l'un des principaux groupes parlementaires de la législature actuelle.