Un nouveau rapport publié mercredi de Human Rights Watch montre comment des milliers de villageois sont pris pour cibles à la fois par les groupes armés jihadistes d'un côté, et de l'autre par les Forces armées maliennes appuyées par leurs supplétifs de Wagner. Pendant deux mois, l'ONG internationale a interrogé des dizaines de témoins d'exactions dans les régions de Mopti, Gao, Tombouctou et Nara. Elle estime qu'au moins 200 personnes ont été tuées depuis sept mois.
Selon Human Rights Watch, plus de 160 personnes ont été assassinées par le Jnim, lié à Al-Qaida, et plus de 40 par les Forces maliennes depuis le mois d'avril. C'est justement à ce moment que l'État islamique, rival du Jnim se saisissait de la ville de Ménaka.
« C'est en avril que l'État islamique a pris le contrôle de la localité de Tidermène et de la quasi-totalité de la région de Ménaka et depuis cela la sécurité dans la région de Ménaka et de Gao s'est fortement détériorée », explique Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior chez Human Rights Watch.
Le rapport revient aussi sur le massacre des passagers d'un bateau dans la région de Tombouctou début septembre. Les témoignages recueillis par l'ONG font état de plus de 120 morts, soit plus du double que le bilan annoncé par les autorités maliennes.
Tortures et exécutions
L'enquête n'épargne pas les Fama désignées par les témoins comme coupables des tueries de Tabakoro, Gadougou et Sambani. Dans ce dernier village, les récits accusent les éléments de Wagner d'avoir appuyé la torture et l'exécution de 17 habitants. « D'une part, les groupes extrémistes continuent de brûler leurs cases, de voler leur bétail et de violer leurs femmes et d'autre part, ces mêmes civils ont des difficultés à se confier aux forces de défense et de sécurité parce que ces mêmes forces se livrent à des exactions violentes à leur encontre », déplore Ilaria Allegrozzi.
L'ONG s'inquiète du sort des villageois maliens alors que la Minusma doit quitter le pays d'ici la fin de l'année. Le projet ACLED, spécialisé dans la collecte d'information sur les zones de conflit, constate que depuis janvier les violences contre les civils maliens ont augmenté de près de 40 % (38% exactement) par rapport à l'an dernier.