Congo-Kinshasa: Processus électoral - L'Olpa redoute une campagne électorale incendiaire dans les médias

L'association, en tant qu'organisation pionnière du plaidoyer pour l'avènement de nouveaux membres à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (Csac), motive sa crainte par ce qu'elle qualifie de faible couverture de régulation des médias à travers le pays.

Dans une lettre ouverte adressée, le 1er novembre, au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l'organisation indépendante de promotion et de lutte pour la liberté d'informer, l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a dit redouter une campagne électorale incendiaire et violente dans les médias du pays. Cette association motive sa crainte par ce qu"elle qualifié de faible couverture de régulation des médias à travers le pays.

Dans sa lettre, l'Olpa exhorte le président de la République à s'impliquer immédiatement afin d'éviter le pire d'ici le début de ladite campagne électorale attendue dans près de deux semaines. Dans cette lettre intitulée "La faible régulation des médias sera à la base d'une campagne électorale incendiaire et violente", l'Olpa appelle à des actions urgentes pour éviter le pire. Et de poursuivre : "Alors que démarre dans quelques jours la campagne électorale pour le scrutin du 20 décembre 2023, nous vous prions de bien vouloir prendre la mesure de la situation avant qu'il ne soit trop tard.

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Nous connaissons votre attachement aux valeurs démocratiques et à l'instauration effective de la paix et la consolidation de la cohésion nationale en République démocratique du Congo. Il en est aussi de votre engagement pris en 2019 de faire de la presse un véritable quatrième pouvoir même s'il y a encore du chemin à parcourir".

L'Olpa, qui s'appuie sur le travail de ses équipes de monitoring disséminées à travers le territoire national, tire la sonnette d'alarme sur le danger qui guette la nation lors du déroulement prochain de la campagne électorale. " Nous pouvons affirmer sans risque de nous contredire que la campagne électorale dans les médias sera violente et incendiaire. Les Congolais seront débordés par la désinformation, l'apologie de la haine tribale et ethnique, le discours incendiaire faute de la régulation complète des médias dans plus au moins 145 territoires de la République démocratique du Congo" a souligné cette organisation.

L'Olpa, qui rappele que la loi électorale en ses articles 33 et suivants, tout comme la loi organique portant composition, attribution et fonctionnement du Csac) reconnaissent que l'instance publique de régulation des médias veille au respect du principe d'égalité de production entre les candidats en ce qui concerne la diffusion dans les médias publics de leurs activités, écrits, déclarations ainsi que la présentation de leur personne, a indiqué que cette instance de régulation des médias qui intervient, le cas échéant, auprès des autorités compétentes pour que soient prises toutes les mesures susceptibles d'assurer cette égalité.

L'ONG note également que les conditions d'accès aux médias publics aux fins de la campagne électorale sont arrêtées par le Csac en concertation avec la centrale électorale. "Elles sont publiées un mois avant le début de la campagne électorale", a-t-elle précisé. Mais l'Olpa regrette que, quoique le législateur ait la bonne foi, la triste réalité sur le terrain suscite bien des doutes sur la mise en application effective de ces dispositions de la loi.

"Les espoirs suscités, en novembre 2022, par la nomination et l'investiture des membres de l'assemblée plénière de Csac ont laissé place à l'incertitude. La régulation des médias est plus que jamais une affaire kinoise. Seule la ville de Kinshasa dispose d'une administration de régulation des médias alors que la situation de la majorité des territoires est déplorable", a souligné l'Olpa. L'ONG regrette que les onze coordinations provinciales autrefois opérationnelles fassent figure des parents pauvres.

"A titre d'illustration, les représentations de cette instance en provinces sont réduites à des bureaux de mallette, déguerpies et recherchées par les propriétaires d'immeubles pour insolvabilité après avoir accumulé plusieurs mois d'arriérés de loyer. Le matériel de monitoring vieux de plus d'une décennie n'attendent plus que leur transfèrement vers le musée. Avec des salaires de misère, le personnel démotivé a l'esprit ailleurs", a souligné cette organisation.

Cette association renseigne également que le coordonnateur provincial du Csac touche 210 mille francs congolais par mois, alors que le secrétaire d'instruction se contente de 180 mille francs congolais et le huissier 120 mille francs congolais. "Un barème applicable depuis 2012, ne prenant pas en compte le coût de la vie. Les frais de fonctionnement d'un million des francs congolais ne peuvent couvrir les différents besoins. Seul le personnel de Csac /Kinshasa a vu sa situation salariale légèrement améliorée", a indiqué cette ONG. S'appuyant également sur d'autres éléments, l'Olpa a laissé entendre que la régulation des médias dans les provinces sera absente. Et, selon l'organisation, rien n'augure des lendemains meilleurs pour une campagne électorale apaisée dans les médias majoritairement contrôlés par les opérateurs politiques. Une action urgente du chef de l'État.

Pour l'Olpa, il est illusoire de croire que les récentes rencontres sur la rédaction d'un code de bonne conduite des journalistes en période électorale et les mesures de gestion de la campagne électorale, ou encore les séances de vulgarisation de la directive actualisée sur la campagne électorale par les hauts conseillers du Csac à travers quelques villes du pays, constituent une panacée au mal qui est si profond, mais s'avèrent comme l'expression du désespoir face à la quasi-absence de régulation. Il en est aussi, a insisté cette organisation, du probable déploiement des commissions de vigilance électorale dans les provinces à la veille du scrutin qui risque de dissiper des ressources utiles au renforcement des capacités opérationnelles des coordinations provinciales.

En tant qu'organisation pionnière du plaidoyer pour l'avènement de nouveaux membres à la tête du Csac, l'Olpa dit attendre du président de la République, pour éviter une campagne électorale incendiaire et violente à travers les médias, d'ordonner, en toute urgence, la mise à la disposition du bureau de Csac des moyens conséquents pour renforcer les capacités d'anciennes et nouvelles coordinations provinciales en termes de logistique, du matériel informatique, de monitoring en prévision des élections de décembre 2023.

L'ONG recommande également l'amélioration des conditions de travail du personnel du Csac ; le découragement de tout empiètement des attributions de l'organe de régulation des médias par les autorités politico-administratives ainsi que le renforcement des capacités managériales des gestionnaires actuels de l'instance publique de régulation de médias.

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