Togo: Au procès du meurtre du colonel Madjoulba, deux témoignages retiennent particulièrement l'attention

Dans le procès du meurtre du colonel Bitala Madjoulba, le tribunal militaire du Togo a clos l'audition des 19 témoins à charge, ce 2 novembre 2023 à Lomé. Deux témoignages ont retenu particulièrement l'attention : ceux des colonels Tchakbéra et Yotroféï Massina. Le colonel Madjoulba avait été retrouvé mort au matin du 4 mai 2020 dans son bureau alors qu'il venait d'assister à la prestation de serment du président du pays, Faure Gnassingbé, élu pour un quatrième mandat de cinq ans.

Qui a tué le colonel Bitala Madjoulba, retrouvé mort au matin du 4 mai 2020 dans son bureau ? C'est ce que continue à chercher le tribunal militaire du Togo qui siège dans cette affaire depuis le 23 octobre. Sept accusés sont devant la justice. Ce 2 novembre 2023, le tribunal a clos l'audition des 19 témoins à charge. Parmi eux, deux retiennent particulièrement l'attention. Il y a d'abord le colonel Tchakbéra, l'un des deux officiers à avoir passé la dernière soirée du 3 mai 2020 avec le colonel Bitala Madjoulba, de 18h30 à 21h30. Cette soirée-là, a raconté le colonel Tchakbéra, il ne cessait d'avertir : « Faites attention, méfiez-vous de tout le monde. »

« Lors de vos échanges, le colonel défunt vous a dit que le ver est dans le fruit. Qu'est-ce que cela voulait dire ? », demande le procureur. « Sur le champ, je ne comprenais rien », répond le colonel Tchakbéra. « Avez-vous compris ce que voulait dire "le ver est dans le fruit ?" », insiste le procureur. « Le ver, le général Abalo Kadangha [ex-chef d'état-major des armées, accusé d'entrave au bon fonctionnement de la justice, complicité d'assassinat et complicité contre la sûreté intérieure de l'État dans ce dossier, NDLR], le fruit ce sont les forces armées togolaises », a fini par préciser le colonel Tchakbéra.

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Vient le tour d'un autre colonel, Yotroféï Massina, qui était directeur général de la gendarmerie nationale à l'époque des faits. Il affirme que le chef d'état-major général n'avait pas à envoyer l'unité de sécurité militaire sur le lieu du crime sachant que la police judiciaire était déjà sur les enquêtes concernant la mort du colonel Bitala Madjoulba. « Lui en avez-vous parlé ? », demande le procureur. « Non, je suis son subordonné, si je ne le fais pas, lui pouvait me recadrer », ajoute l'ex-directeur de la gendarmerie. Les éléments de l'unité de sécurité militaire ont, selon l'accusation, mis à mal l'enquête. « C'était pour faire une diversion et détourner les enquêteurs », répond le colonel Yotroféï Massina.

Pour rappel, le colonel Bitala Madjoulba avait été retrouvé mort dans une mare de sang dans son bureau au matin du 4 mai 2020. L'officier supérieur, qui commandait le 1er bataillon d'intervention rapide de la première région militaire depuis la refondation de l'armée en 2014, avait été vu en public pour la dernière fois la veille à la cérémonie d'investiture du président de la République. Il avait pris part aussitôt après à la cérémonie d'allégeance des forces armées togolaises au chef de l'État, au palais de la présidence.

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