Ile Maurice: Les rêveries d'un promeneur... Mauricien

Admettons que de nouvelles élections générales se tiendront dans un an. Allons-nous une fois encore rejouer la même partition électorale qui a fait son temps ? C'est-à-dire priorité aux cadeaux pré-électoraux, la carte inévitable du communalisme, l'affrontement bipartisan et des miettes pour les nouveaux partis ? Ce serait à désespérer si le pays ne saisissait pas cette opportunité pour procéder à de profondes réformes électorales.

Que l'on ne nous ressorte pas la vieille rengaine qui est de prétendre à nouveau que le peuple n'est pas prêt pour accepter des reformes réclamées à cor et à cri. Si on ne le fait pas, les jeunes générations se désintéresseront encore plus de la politique, préfèreront s'abstenir ou s'en iront ailleurs sous des cieux plus radieux. Brain-drain déjà en cours.

Réformes électorales Tout le monde et tous les partis les connaissent. Pas question de renforcer la Commission électorale, mais de légiférer. Des nouvelles lois sur l'arrêt d'avoir à décliner son appartenance ethnique, un meilleur contrôle des dépenses et leur montant (voir l'Audit) maintenant que l'on sait qu'il s'agit de millions versés (au pro rata ?) à chaque camp. Retour sur investissement tacite. Fixer aussi un plafond pour les gros dons théoriquement désintéressés. Stopper net les promesses et cadeaux allant du briyani aux postes alloués à des chatwa dépourvus de diplômes adéquats. Une anecdote à ce sujet. Des proches du pouvoir toujours empressés de remettre la presse en cause s'amusent à pérorer sur les diplômes détenus par ces journalistes. Retour de manivelle. Posons la même question sur ceux qui sont des députés de tout bord ou futurs élus ou même ministres. Match nul ?

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Dans une démocratie moderne, le fait de fixer la date des élections générales ne peut reposer que sur un seul, le PM, quel qu'il soit. Ce devrait être fait tout au moins suite à une décision collective accordant au passage un délai raisonnable pour préparer les candidats et leurs communications sur le terrain. Et quid du découpage totalement injuste des circonscriptions ?

Quant à la justice, elle souffre d'un mal génétique. Des renvois systématiques, des méthodes dilatoires alors que la justice doit être rendue dans les plus brefs délais. Les récents incidents à la Citadelle lors d'un grand concert qui se voulait pacifiste et festif a démontré une fois de plus que l'insécurité gagne du terrain. Pas la peine de s'en prendre à la police (deux des voyous arrêtés étaient des policiers) pas entraînée à faire face à de tels trublions en cagoule et armes, motivés par une guerre qui, en réalité, ne nous concerne pas. N'importons pas les conflits armés des autres sur notre sol.

Pourquoi ne pas former une escouade de jeunes spécialisés dans ce type d'interventions muscles pour sévir a la demande par exemple sur les places fortes de vente de la drogue ou d'évènements autorises comme à la Citadelle. Aux grands maux, les grands remèdes. Une brigade d'intervention rapide autonome équipée et détenant des pouvoirs. Le crime atroce commis sur la personne de Kistnen semble avoir été mis sous... l'éteignoir. Pourquoi brûle-t-il encore ?

Des coups d'épée dans l'eau ? Imaginez que le pouvoir actuel se montre progressiste et légifère en faveur de ces réformes qui rencontreraient une forte adhésion de la population. Il en tirerait des dividendes électoraux inestimables, supérieurs aux cadeaux, promesses et promotions parfois folkloriques. Il marquerait l'histoire et les progrès accomplis par une démocratie dépoussiérée et moderne. Ce ne sera vraisemblablement pas le cas. Mais il n'en irait pas autrement s'il s'agissait de ceux de l'opposition en face. Eux aussi n'auraient pas le courage politique d'inclure ces réformes électorales dans leur agenda. Quant à leur programme toujours en préparation active ou désactivée, il semble relever de la procrastination. Maur ice se trouve dans le cas précis d'un pays qui pourrait se réformer et se débarrasser de ses haillons avec l'assentiment d'une majorité des électeurs. Seulement voilà, les partis traditionnels do not want to cross the Rubicon. D'où provient cette crainte sur ces sujets qui se résume à une formule : pas de vague, oui, pas de vague. Contentons-nous du clapotis ou de l'écume et cent fois sur le métier, remettons le même ouvrage cousu de fil blanc. Conséquences et résultats connus d'avance.

Réformes sociétales

Poussons le bouchon plus loin. Hormis les reformes électorales, pourquoi ne pas saisir l'opportunité pour mettre sur le tapis, pas sous, des réformes sociétales. Pourquoi ne pas inclure dans notre Constitution que Maurice devienne désormais un pays laïc, comme l'Inde ou la France. C'est-à-dire, séparer de façon étanche la religion (pouvoir spirituel) de la politique (pouvoir temporel). Confusion entretenue ?

Cela mettrait fin à notre amalgame permanent entre culte, culture et politique. Nous pourrions alors envisager plus sereinement la légalisation du cannabis sous encadrement légal, s'attaquer à l'avortement illégal en stoppant une certaine boucherie, procéder à l'ouverture de maisons closes pour protéger les prostituées sur le plan médical et contre les proxénètes, décupler les sanctions en cas de violence conjugale devenu quotidienne en mettant sur pied un abri sûr et encadré pour les victimes au lieu de les renvoyer en... enfer, concrétiser l'inclusion sociale de la communauté LGBTQIA+...

Nous rêvons, alors continuons notre promenade. Salaire égal et pouvoirs identiques à la femme. S'en prendre de façon draconienne aux corrompus et aux corrupteurs qui caractérisent notre 'bonne gouvernance' ! Améliorer l'accueil, le cadre et les services dans nos hôpitaux publics au moment où des cliniques luxueuses et privées s'installent. Idem pour les maternelles, écoles et collèges avec remise à jour des formations et des programmes. Des bennes à ordure modernes pour nettoyer tous nos dépotoirs illégaux et nous débarrasser des appareils rouillés disséminés dans la nature.

Gardons le meilleur pour la fin. De gros problèmes environnementaux menacent notre terre et encore plus notre petite île. Stop aux dépenses et projets de prestige pour donner priorité absolue à la... VIE.

Koko piké ?

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