Dans un communiqué récent, le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a exprimé son inquiétude concernant un litige financier entourant le projet de construction de la route nationale N°1 reliant Mbuji-Mayi à Kananga. L'Inspection Générale des Finances (IGF) a accusé un détournement de fonds de 24 millions de dollars, ce qui risque d'entraver la poursuite des travaux. Cependant, le CREFDL remet en question les conclusions de l'IGF et met en garde contre une surfacturation potentielle de 348 millions de dollars.
Le contrat initial, signé au Caire entre le Fonds de Promotion de l'Industrie (FPI-RDC) et l'entreprise égyptienne SAMCRETE ENGINEERS & CONTRACTORS, prévoyait la construction d'une route revêtue de 188 km sur la RN1, pour un montant de 302,86 millions de dollars. Le projet était supervisé par la firme GRAND GROUP International. Selon le CREFDL, le paiement initial de 27 millions de dollars a été effectué à l'entreprise, représentant 9% du montant total du marché, tandis que le reste devait encore être décaissé.
Le CREFDL souligne que l'entreprise SAMCRETE a fourni une garantie bancaire de 63 millions de dollars et attend toujours le décaissement des fonds pour accélérer les travaux. Les équipements nécessaires ont déjà été acheminés vers le site de Mbuji-Mayi, bien que certains soient encore retenus à Matadi, Lubumbashi et Kinshasa en raison du processus de dédouanement qui n'a pas été validé par l'IGF depuis deux mois.
L'IGF a affirmé que seuls 3,1 millions de dollars ont été dépensés jusqu'à présent, représentant un taux d'exécution de seulement 11%. Cependant, le CREFDL remet en question cette évaluation, soulignant que l'acompte de démarrage ne nécessite pas de contrôle étant donné qu'il est couvert par une garantie bancaire. De plus, l'IGF aurait omis de lire le contrat dans son intégralité et d'accéder aux pièces justificatives.
Le CREFDL suggère que les conclusions hâtives de l'IGF pourraient être motivées par des intérêts politiques et économiques, notamment une volonté de confier le projet à une entreprise proche de certains membres du gouvernement. En effet, la Banque Africaine de Développement a récemment approuvé une ligne de crédit de 650 millions de dollars pour la réhabilitation de la même route, ce qui représente une surfacturation de 348 millions de dollars par rapport au contrat initial.
Le retrait du contrat à l'entreprise SAMCRETE pourrait entraîner des conséquences contractuelles et diplomatiques importantes, notamment un recours à l'arbitrage international, des demandes de dommages et intérêts s'élevant à 275 millions de dollars, et une altération des relations entre l'Égypte et la RDC.
Le CREFDL appelle donc à une intervention de la Présidence de la République pour demander à l'IGF de respecter les clauses du contrat, au Premier Ministre de prendre en charge le projet et de solliciter un audit complémentaire de la Cour des Comptes, et à l'IGF de travailler en toute neutralité pour éviter une condamnation internationale.
L'avenir du projet de construction de la route Mbuji Mayi-Kananga demeure incertain, et les acteurs impliqués doivent agir rapidement pour résoudre ce litige financier afin de permettre la poursuite des travaux et d'éviter une éventuelle surfacturation aux dépens du peuple congolais.