Chaque 2 novembre, il se célèbre à l'échelle mondiale la journée internationale de la fin de l'impunité des crimes commis contre les journalistes. En République Démocratique du Congo, l'événement a eu lieu à l'Hôtel Béatrice, sous l'égide de l'Ong Journalistes En Danger. Il était question pour son Secrétaire Général, Tshivis Tshivuadi, de présenter à l'intention de la communauté journalistique congolaise et apparentés leur rapport annuel 2023 intitulé "Les pages sombres de la Liberté de la Presse en République Démocratique du Congo".
En sa marge, l'Association Congolaise des Femmes de la Presse Ecrite, ACOFEPE en sigle, que dirige Madame Grâce Ngyke, journaliste à La Référence Plus", a organisé la veille, soit le 1er Novembre, dans la salle haute du Musée National de la République Démocratique du Congo, en convenance avec d'autres associations professionnelles du paysage médiatique congolais, une cérémonie de présentation au Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, d'un argumentaire en soutenance du plaidoyer en faveur de l'élévation au rang des martyrs de la Liberté de la Presse, de 25 journalistes assassinés en République Démocratique du Congo, entre 1994 et 2021. Cette présentation a eu lieu en présence de Fabrice Pwela, Ministre congolais en charge des Droits Humains.
L'activité, à proprement parler, a été l'opportunité pour Grâce Ngyke et ses confrères et consoeurs de rendre pour la toute première fois hommage à ces 25 héros dans l'ombre dont Franck Ngyke, son propre père, journaliste à La Référence où elle travaille par "subrogation".
Franck Ngyke a été assassiné à son domicile au même moment que sa femme, la mère de Grâce, dans la nuit du 3 novembre 2005 par des hommes en uniforme.
"C'est avec une grande émotion que je me tiens du haut de cette tribune pour porter la voix des familles meurtries, depuis près de 30 ans par la disparition tragique et brutale de leurs pères, fils, parents, amis, collègues...", parole de Grâce Ngyke, imbibée de larmes de tristesse, lors de son adresse prépositive à sa remise de son argumentaire à Monsieur le Ministre de Communication et Médias, Patrick Muyaya.
Lors de sa prise de parole ayant fait suite à sa réception de ce riche argumentaire, le Ministre en charge de la Communication et Médias a rassuré qu'il ne le gardera pas dans le tiroir de son ministère, ce qui n'est pas d'ailleurs dans sa tradition, faut-il le reconnaître, mais plutôt qu'il le fera parvenir en "bdf", entendez : en bonne et due forme, au niveau du Gouvernement dans l'expectative d'une suite favorable.
Patrick Muyaya compte en même temps, pour toute fin utile, sur les bonnes dispositions d'esprit du Chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, qu'il a reconnu être un allié de taille des chevaliers de la plume congolaise dans leur lutte contre le bâillonnement de la liberté de la presse via la baïonnette. A l'entendre parler, c'est déjà pour la gent journalistique congolaise un combat remporté d'avance. L'homme en charge de la Communication et Médias de la République Démocratique du Congo a promis de peser de tout son poids ministériel en faveur de la consolidation des bases de l'Etat de droit ainsi que de la création des conditions de sécurité, partout en RDC, pour que le journaliste congolais ne soit plus exposé aux assassinats.
Ce qui va dans le même ordre d'idée que les propos de son collègue des Droits Humains qui, lors de sa prise de parole, a placé l'impunité des crimes commis contre les journalistes face aux quatre piliers de la justice transitionnelle : la recherche de la vérité, l'application à la lettre de la justice, la réparation des dommages causés et la garantie de non-répétition des crimes.
C'est dans ce même champ lexical qu'est intervenu le Directeur d'Internews, Monsieur Karim Benard Dende : "Nous devons trouver des solutions de manière à protéger l'environnement dans lequel travaillent les journalistes".
"A défaut de leur avoir offert un procès équitable, du moins, reconnaissons-les quand même comme martyrs de la Liberté de la Presse", Mot d'honneur de André Ipakala, Editeur du journal "La Référence Plus" ci-haut évoqué. Pour lui, la liberté de la presse est celle sans laquelle toutes les autres libertés sont nulles et non avenues.
Patrick Muyaya a mis à profit cette occasion qui s'est offerte pour saluer l'initiative de la fille de Franck Ngyke, grâce à l'engagement de laquelle cette cérémonie a eu lieu. Il a dans le même ordre des choses reconnu le courage et la présence, dans la salle, de la veuve de Serge Maheshe, assassiné un certain 13 juin 2007, en pleine rue, à Bukavu, en laissant derrière lui son titre de Secrétaire de Rédaction à la Radio Okapi.
Dans un bref entretien eu avec elle dans les couloirs du musée à l'issue de la cérémonie, Grâce Ngyke a dit ajouter foi à la promesse de Patrick Muyaya dont elle reconnait l'attachement aux principes de l'Etat de droit prôné par le Chef de l'Etat Félix-Antoine Tshisekedi. Elle n'a pas laissé passer sous silence les efforts de ce dernier, allusion faite au Chef de l'Etat, de faire de la presse congolaise un véritable 4è pouvoir.