Maroc: Régionalisation avancée - Trois questions à Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat

Casablanca — Dans cette interview effectuée en marge de la présentation récente des résultats de l'avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) intitulé "Pour un développement harmonieux et inclusif des territoires: les inflexions majeures", Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat, explique les enjeux de la mise en oeuvre du chantier de la régionalisation avancée, huit années après son amorcement et qui a enregistré des avancées en matière de décentralisation ainsi qu'en termes de modernisation des structures de l'Etat.

1) Huit ans après l'amorcement de la mise en oeuvre du chantier de la régionalisation avancée, quel constat faites-vous de ce chantier ?

Je dirais qu'en général, le premier mandat des régions dans la configuration actuelle de la régionalisation avancée a été un mandat de construction, de mise en place des organigrammes, des structures, des textes de lois, etc.

Parallèlement, ce mandat a permis de lancer un certain nombre de projets. Au niveau de la région de Casablanca-Settat par exemple, notre travail a porté sur deux chantiers essentiels. Il a été premièrement question de préparer les outils de planification prévus par la loi, notamment le schéma régional d'aménagement du territoire, le programme régional de développement (PDR) et la mise en place des structures humaines.

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Le deuxième volet a trait à la poursuite du travail programmé et amorcé par l'ancien conseil de la région dans le cadre de la continuité des institutions en attendant la sortie du PDR qui, il faut le préciser, est maintenant adopté par le Conseil de la région, visé par le ministère de l'Intérieur, et qui a déjà fait l'objet à hauteur de 25% d'un ensemble de conventions pour sa mise en application.

Ces conventions ont notamment été nouées avec les institutions de l'Etat, les collectivités territoriales, les organismes publics et privés, et portent aussi bien sur les infrastructures, que sur la dimension culturelle, l'environnement ou la formation, etc.

Ainsi, en huit ans, il y a un chemin qui a été parcouru et qu'on ne peut pas nier. C'est un schéma nouveau, mais qui se met en place sagement et sûrement. Même en termes de prérogatives, chaque région peut se doter des prérogatives qu'elle peut assumer, mais cela pose d'énormes défis davantage en termes de ressources humaines qu'en termes de ressources financières.

En effet, dès lors que vous faites preuve de capacité de mener des chantiers, de les planifier, de les gérer, si ces chantiers sont pertinents, vous trouvez en général les financements nécessaires pour les réaliser.

2) Quelle lecture faites vous de l'avis du CESE portant sur le chantier de la régionalisation avancée? À quel niveau il converge avec votre expérience?

Il faut rappeler que l'avis du CESE n'est pas un constat in-vitro, c'est le résultat d'une série d'auditions essentiellement effectuées auprès de responsables de collectivités territoriales. J'en fais partie.

J'estime donc que les résultats de cet avis convergent en grande partie avec ce qu'on pense: il y a un process qui se met en place qui va prendre du temps, mais qui avance assez vite encadré et suivi qu'il est par SM le Roi Mohammed VI en personne.

D'ailleurs, l'organe de pilotage stratégique de ce chantier royal est officiellement présidé par le chef de gouvernement. Et effectivement, la plupart de ses réunions sont présidées par le ministre de l'Intérieur, et connaissent la participation d'une douzaine de ministres en plus des Walis des douze régions et d'un ensemble de responsables de l'administration centrale.

Ces réunions durent parfois plusieurs heures et sont marquées par un débat sur des problématiques. Elles aboutissent régulièrement à une séries de solutions et incitent un ensemble d'administrations à s'impliquer dans le processus de décentralisation et de déconcentration. Parce qu'on ne peut pas tout faire uniquement à partir de Rabat. Il faut que les administrations qui ont des actions à dimension territoriale soient représentées au niveau de la région et que leurs représentants au niveau de la région aient le pouvoir d'agir au même titre que les Walis et les présidents de la région.

3) Quelle est la recommandation que vous préconisez pour contribuer à faire avancer le projet de régionalisation?

S'il y avait une seule recommandation à côté de tout ce qui se fait, je dirais: communiquons sur ce qu'est la région, ce qu'est la régionalisation, ce que font les régions, parce qu'il y a un effort humain et un effort financier indéniable, mais qui ne sont malheureusement pas suffisamment connus de la part du public.

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