Le club de filles ou cercle de réflexion et d'écoute initié par Azur développement a rassemblé tout au long de l'année écoulée collégiennes et lycéennes de divers établissements pour débattre sur les violences basées sur le genre. Un projet qui a eu un franc succès puisque des voix se sont levées pour rompre le silence.
« Nous avons reçu deux fois plus de dénonciation de la part des victimes au sein des établissements scolaires. Le club des filles, en termes de chiffres, est un grand succès », annonce Emmanuel Nkoukou, assistant de projet à Azur développement. Responsabiliser les filles dans les écoles en leur conférant le rôle d'animatrice dans les groupes de discussion a été, selon Emmanuel, la meilleure décision qu'Azur Développement ait prise. « Chaque club était composé de seize filles dont six constituent le noyau nommé leaders. Grâce à elles, la communication et le contact avec les victimes ont été plus faciles. Au final, les filles se sont confiées sans crainte, en dénonçant professeurs, membres de la famille et collègues parfois ».
Principales actrices de ce projet, les leaders ont servi de relais entre les victimes et le Guichet unique d'Azur Développement où elles étaient prises en charge comme l'a fait savoir une leader qui a requis l'anonymat : « ces violences sont parfois la cause de certains échecs scolaires, d'abandon des cours et parfois renforce le manque de confiance en soi. Et notre mission a été de rassurer les filles d'abord et de leur faire comprendre que les coupables pourraient être traduits en justice si elles acceptent de les dénoncer ».
Un travail qui ne s'est pas fait d'un claquement de doigts comme le souligne Exaucia Otamba, animatrice locale à Madingou « Au départ, l'approche avec les écoles n'a pas été facile, car les prometteurs hésitaient beaucoup. Une fois que ceux-ci acceptaient, il fallait passer à la seconde étape, la formation et la sélection des filles qui constitueraient le noyau puisqu'elles jouaient en quelque sorte le rôle d'animatrice, et à leur côté un point focal qui n'intervenait qu'en cas de problème majeur ».
Implantés dans plusieurs villes : Brazzaville (5), Pointe-Noire (5), dans la Bouenza (3) dont (2) à Nkayi et (1) à Madingou, ces clubs sont devenus des lieux de refuge où les filles discutent en toute sécurité sur les VBG (violences basées sur le genre), mais aussi de leur avenir et travail scolaire. « Le club des filles a été un succès national ! Avec ce projet, nous avons pu toucher un grand nombre de filles au sein des établissements scolaires qui ont dénoncé les violences dont elles étaient victimes. Une belle avancée en termes de chiffres, mais surtout il nous a permis de mesurer l'ampleur du problème car en dehors du harcèlement à l'école, nous avons pu noter un autre fait, celui de l'inceste dans les ménages et la maltraitance », a dévoilé Emmanuel Nkoukou, qui est de plus en plus sollicité par d'autres établissements. Même son de cloche pour l'animatrice locale Exaucia.
« Une fois la peur aux orties, les filles ont brisé le silence et avec la collaboration des chefs d'établissement plusieurs professeurs ont reçu des avertissements, et certains récidives ont été renvoyés. Résultat : beaucoup de professeurs ont pris peur et se tiennent à carreau», a-t-elle indiqué.
Un projet qui a toute sa raison d'être puisque la jeune fille est la principale actrice et non pas seulement une simple bénéficiaire, a indiqué Sylvie Niombo, directrice exécutrice d'Azur Développement. « Avec les clubs dans les écoles, les filles ont des espaces sûrs pour échanger sur différents sujets qui concerne les VBG, les infections sexuellement transmissibles, le VIH/Sida. Elles peuvent sensibiliser leurs pairs et dénoncer les violences faites aux femmes », a-t-elle fait savoir.