« Notre objectif principal est d'arrêter toute velléité du M23 d'envahir Sake ou Goma. Nos troupes sont déployées dans toute la région et si jamais les groupes armés s'approchaient de ces villes, la MONUSCO et les FARDC défendraient la population civile ».
Le commandant de la Force de la MONUSCO, le général Otávio Rodrigues de Miranda Filho, a fait cette déclaration au cours d'un point de presse conjoint MONUSCO-FARDC ce vendredi 3 novembre à Goma.
Depuis des mois, des affrontements entre des groupes armés ont lieu dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Ces récents combats ont causé le déplacement d'environ 300 000 personnes. Les Nations Unies estiment qu'au total, à ce jour, près d'un million de personnes dans le Nord-Kivu ont été déplacées en raison des conflits actuels.
« Ces conflits représentent une menace majeure pour l'accès de l'aide humanitaire et pour les personnes déplacées qui ont trouvé refuge dans des sites situés dans la périphérie de Goma », a souligné le général Otávio Rodrigues de Miranda Filho
Au cours de ce rendez-vous conjoint avec la presse auquel a pris part le porte-parole militaire du gouverneur, le commandant de la Force a rappelé que des rebelles progressent actuellement vers le sud, le long de la route nationale 2 (RN2) et de la route provinciale 1030 en direction de Sake, cité qui se veut un rempart essentiel dans la défense de Goma.
Le général Otávio Rodrigues de Miranda Filho a donc rappelé l'engagement de la MONUSCO à travailler avec l'armée nationale congolaise pour protéger les civils des groupes armés conformément à son mandat.
Mutualisation des efforts
« L'objectif de cette opération est de protéger Goma et Sake », a confié l'officier militaire onusien aux journalistes. « Nous avons décidé, tout d'abord, d'établir une ligne de défense solide à l'entrée de Goma et Sake. Il s'agit pour l'instant d'une approche défensive, mais si des groupes armés illégaux tentent d'attaquer Sake et Goma, nous passerons d'une position défensive à une position offensive ».
Le général a cependant souligné que d'autres mesures sont déjà planifiées. C'est entre autres des solutions politiques et diplomatiques, pour résoudre ce problème de manière pacifique. « Nous devons aussi essayer d'utiliser ces autres méthodes pour trouver une solution pacifique à ces conflits ».
Le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, également porte-parole de la 34e région militaire, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko est revenu sur l'importance de la collaboration entre la MONUSCO et les FARDC pour la réussite totale de l'opération Springbok.
« Avec ce partenariat, nous maximisons nos chances de réussite », a-t-il confié. Et de poursuivre : « Les FARDC estiment que la décision prise par la MONUSCO est une décision vraiment importante et réfléchie car la MONUSCO connaît bien l'ennemi qui est en face de nous, le M23. Cet ennemi a déjà causé beaucoup de mal à la population de cette région et aussi de la RDC ».
Le lieutenant-colonel Njike Kaiko a insisté sur la nécessité de collaborer afin de maximiser toutes les chances pour la réussite de cette opération : « Ce qui est important ici pour nous, c'est cette façon de mener les opérations d'une manière conjointe, car nous supposons avoir un ennemi commun ».
Des offensives à l'ère de la transition
Répondant à la question de savoir pourquoi c'est au moment où la Mission est appelée à quitter la RDC qu'elle décide de mener des opérations potentiellement offensives, le général de brigade s'est voulu rassurant. Il a souligné que la MONUSCO mène cette opération parce qu'il est de son devoir et que ceci relève de son mandat de protéger les civils en RDC. « Rien que pour cette année, nous avons mené plus de vingt opérations offensives contre des groupes armés illégaux. Dans la province de l'Ituri, nous sauvons chaque jour des centaines de vies innocentes grâce à notre présence ».
Et d'ajouter : « Nous avons toujours travaillé d'arrache-pied pour accomplir notre mandat. Il ne s'agit pas d'une faveur faite à la population, mais d'un devoir. Je ne peux pas nier que nous avons parfois échoué dans le passé, mais je crois que la population doit reconnaître les moments où nous avons réussi ».
L'officier onusien a conclu son propos en affirmant que la Mission n'agit pas dans le but de convaincre les gens de l'importance de sa présence en République démocratique du Congo, mais qu'elle agit parce qu'elle est responsable : « Nous continuerons à le faire jusqu'à notre dernier jour en RDC ».