Saly — La ministre de la Santé et de l'Action sociale a salué l'implication des acteurs communautaires, parfois dans les endroits les plus reculés du pays, dans la lutte contre l'onchocercose avec des « résultats palpables ».
« Je tiens à saluer le travail de base que les acteurs communautaires ont fait depuis 33 ans et aujourd'hui, nous avons des résultats palpables », a dit Marie Khemesse Ngom Ndiaye lors d'une conférence de presse, vendredi, au terme de la première réunion du Réseau mondial pour l'élimination de l'onchocercose (GONE) qui s'est tenue à Saly du 1er au 2 novembre.
Le Sénégal est le deuxième pays d'Afrique après le Niger à soumettre un dossier à l'Organisation mondiale de la sante pour vérifier l'élimination de la transmission.
Plusieurs campagnes de distribution de masse du médicament « ivermectine » y ont été organisées grâce à une forte volonté politique avec le soutien des partenaires techniques et financiers, selon la ministre.
« Il y avait les professionnels de santé purement technique (...) mais il s'agissait de voir comment faire pour aller dans les zones les plus reculés, il fallait donc l'implication des acteurs communautaires », a-t-elle expliqué.
Elle a ajouté que ces acteurs communautaires « connaissent très bien les localités », soulignant qu'en termes de campagne, « il faut connaître la zone pour pouvoir la quadriller et revenir pour les rendez-vous manqués ».
L'onchocercose (également connu sous le nom de cécité des rivières) est la 2e cause infectieuse de cécité après le trachome. Elle est classée parmi les maladies tropicales négligées (MTN).
« Elle peut provoquer des démangeaisons intenses, des éruptions cutanées, une décoloration de la peau, une déficience visuelle et des maladies oculaires conduisant à une cécité permanente », a expliqué Yao Sodahlon, directeur du programme de don de Mectizan (ivermectine).
Ibrahima Socé Fall, directeur du programme mondial OMS-MTN, a relevé l'importance de »protéger les résultats déjà obtenus ». Il a plaidé aussi pour l'implication de tous les autres secteurs mais surtout l'appropriation des mesures de prévention et de lutte par les communautés.
"La surveillance épidémiologique post-élimination doit être maintenue"
"Cette grande campagne de masse a aussi permis de procéder au saupoudrage des rivières infectées par la mouche noire responsable de la maladie », a précisé la ministre, ajoutant que le service d'hygiène a fait un excellent travail dans les localités les plus reculées.
« Ce n'était pas évident car il y avait de grands courants et les populations n'avaient pas d'autres choix que d'utiliser cette eau-là, c'était un cercle vicieux », a-t-elle poursuivi.
En plus du secteur de la santé, d'autres acteurs sont venus en renfort avec l'hydraulique rurale à travers notamment la construction de forages pour permettre aux habitants des villages d'avoir accès à l'eau potable.
« Nous n'avons plus de cas au Sénégal, mais nous devons être dans la surveillance épidémiologique, une surveillance post-élimination et en parler toutes les semaines car le financement de la santé ce n'est pas seulement les infrastructures ni les équipements, c'est aussi cet apport de la population qui est important », a soutenu Marie Khemesse Ngom Ndiaye.
La responsable mondiale de l'OMS pour l'élimination de l'onchocercose a rappelé que « 244 millions de personnes souffrent de la cécité des rivières dans 31 pays dans le monde. L'Afrique abrite 99% des personnes exposées aux risques d'onchocercose. Les 1%restant vivent à la frontière entre le Brésil le Venezuela ».
« On a réussi à éliminer la maladie dans 4 pays en Amérique latine (la Colombie, l'Equateur, la Guatemala et le Mexique) et le Sénégal est le premier pays ayant fait un arrêt de traitement à l'échelle nationale », a expliqué Maria Rebollo.
Chaque année, selon elle, 194 millions de personnes sont traitées mais les efforts doivent se poursuivre et l'engagement communautaire maintenu pour être sûr que la couverture thérapeutique se stabilise dans tous les pays frontaliers du Sénégal et dans tous les autres pays à risque. Autrement, la maladie risque de revenir au Sénégal, a-t-elle alerté.
« On ne pourra parler de réussite totale que si on arrive à éliminer la maladie dans tout le continent pour éviter sa résurgence et c'est la raison pour laquelle le GONE réseau mondiale a été lancé pour renforcer le partenariat », a-t-elle dit.