Au Mali, les populations de Bamako à Kidal retiennent leur souffle en attendant la suite des évènements. La Minusma a quitté Kidal mardi, les rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent) sont désormais seuls maîtres de la ville, leur fief. Mais l'armée malienne affiche depuis plus d'un mois son intention de prendre Kidal. Moussa Ag Acharatoumane est le chef du MSA (Mouvement pour le salut de l'Azawad), groupe armé du Nord, signataire de l'accord de paix de 2015, qui a choisi fin septembre, lors de la reprise de la guerre, de quitter le CSP. En clair, ce groupe armé touareg du Nord, basé dans la région de Ménaka, a choisi le camp des autorités maliennes de transition.
L'armée malienne veut investir le camp laissé libre par la Minusma à Kidal, au nom de la souveraineté nationale. Les rebelles du CSP considèrent que, comme ce fut le cas à Ber ou Tessalit, cela constituerait une violation de l'accord de paix de 2015 et sont prêts à défendre leur fief.
Moussa Ag Acharatoumane, chef du MSA, interrogé par David Baché, de la rédaction Afrique, s'adresse à ses anciens alliés. « Je trouve dommage que nos frères du CSP font de ça un problème. Je pense que l'enjeu, il est ailleurs, ce n'est pas l'emprise de la Minusma. Aujourd'hui, ils doivent conjuguer leurs efforts avec les forces de défense et la sécurité, c'est ça même l'esprit de l'accord d'Alger pour qu'ensemble, on puisse affronter les vrais problèmes. Le vrai problème, c'est de stabiliser les populations, c'est de les protéger contre toute forme de violence. »
Un conseil en forme de voeu pieux, tant les deux camps semblent sûrs de leurs forces, et déterminés à combattre.
S'il a dénoncé pendant plus d'un an l'inaction des autorités de transition face aux massacres commis par le groupe État islamique dans la région de Ménaka -environ un millier de personnes tuées, selon les estimations des communautés locales- Moussa Ag Acharatoumane assure aujourd'hui que la collaboration du MSA avec l'armée malienne se passe très bien.
Sur les nombreuses accusations d'exactions sur des civils, qui visent les Fama et surtout leurs supplétifs russes de Wagner, il répond : « Les plus grandes exactions qui sont commises contre nous, nos populations, ce sont les groupes jihadistes et en l'occurrence l'État islamique ; ce n'est pas l'armée, ce ne sont pas ses partenaires, ce ne sont pas les mouvements signataires. Maintenant, il peut y avoir des débordements un peu partout. C'est pour ça, je dis aujourd'hui, qu'il est extrêmement important que les gens conjuguent leurs efforts. C'est la seule manière de protéger les populations partout où elles sont. »
Moussa Ag Acharatoumane salue enfin la collaboration, dans la zone des Trois frontières, des armées malienne, nigérienne et burkinabè.