Le ministère de la Santé et de l'Action sociale, à travers la Direction de la Santé de la Mère et de l'Enfant, en collaboration avec Likak Research, a organisé la première édition du symposium sur les nouveau-nés petits et vulnérables. Le conclave a eu lieu, le jeudi 02 novembre, à Dakar.
Dans le monde, 1 bébé sur 4 naît connaissant des difficultés dans l'utérus et soit meurt avant la naissance. Soit quand il survit, naît trop petit ou trop tôt. Fort de ce constat, Dakar a abrité un symposium sur les nouveau-nés petits et vulnérables, jeudi dernier. La rencontre se veut une plateforme de plaidoyer dont l'objectif est de développer des stratégies pour prévenir et lutter contre cette atteinte aux droits de l'être humain, ce fléau de santé publique à impact économique et de développement.
Dr Amadou Doucouré, Directeur de la Santé de la Mère et de l'Enfant au ministère de la Santé et de l'Action sociale souligne que le conclave vise à «partager les résultats des travaux de recherche de la série Lancet, qui sont menés depuis maintenant quatre ans. Et aujourd'hui, au niveau de l'Afrique francophone, c'est le Sénégal qui abrite cette importante activité. L'objectif de ce symposium est de partager les données en ce qui concerne ce qu'on appelle les petits et nouveau-nés vulnérables. Au Sénégal, d'importants efforts ont été faits en termes de santé néonatale ; ce qui s'est traduit par une diminution de cette mortalité néonatale. Mais force est de constater que cette diminution, même si elle a eu lieu, elle est encore lente», reconnait-il.
Dr Doucouré de poursuivre : «Je le dis parce qu'elle évolue par ce qu'on appelle en dent de Cie. Par exemple, en 2015, on était à 21 pour 1000 naissances vivantes et, en 2017, on était presque 'à 28. Mais aujourd'hui, nous sommes à 21 pour 1000 naissances vivantes; alors que nous avons un objectif d'atteinte d'au moins 12 pour 1000 naissances vivantes, en 2030. Ce qui veut dire que, comme vous le constater, certes il y a une diminution, mais elle est lente». Selon lui, «Cette lenteur est liée à plusieurs facteurs et je pense que l'un des déterminants et plus important, c'est la prévention, par exemple, les consultations prénatales de qualité. Donc, il faut que les femmes enceintes fassent correctement les consultations prénatales.
MEILLEURE RÉPARTITION DU PERSONNEL, DES SPECIALISTES DE LA SANTÉ, LE GRAND DÉFI
S'agissant du taux de couverture, il relève qu'«aujourd'hui, nous sommes à 74% de consultations prénatales, parce qu'au cours de ces consultations prénatales, les femmes doivent bénéficier de prestations de service pour prévenir certaines complications. Et c'est à ce titre qu'on donne par exemple les moustiquaires imprégnées, qu'on fait le diagnostic pour voir si elles ne présentent pas d'infections ou autres. Mais aussi, à terme, si la femme donne des prématurés, l'un des défis est la prise en charge. Et qui dit prise en charge dit personnel qualifié, dit aussi infrastructures et équipements. Là, certes des efforts importants ont été faits, mais force est de constater qu'il y a encore des défis à relever sur ce point là», dit-il.
Selon lui, «les difficultés ne sont pas seulement liées au système de santé. Et quand on dit défis, c'est par rapport à la communauté. Aujourd'hui, est-ce que les femmes enceintes viennent très tôt dans les sites sanitaires pour faire des consultations prénatales ? Pour ça, il y a des efforts importants qui sont faits ; je l'ai dis, nous avons un taux de couverture en consultations prénatales qui avoisine les 64%. Mais il y a encore des gap par rapport à ça.»
L'autre aspect, relève-t-il, «c'est, par exemple, aujourd'hui, on a recruté beaucoup de personnels ; on a formé ; mais il y a encore des défis par rapport à la répartition de ce personnel là, ces spécialistes, dans les régions mais aussi au niveau des grandes capitaux. Donc, il faut le prendre de façon vraiment globale c'est à dire par rapport à la communauté et par rapport au système sanitaire», conclut-il.
L'EQUATION DE L'ADAPTATION ET DE L'APPLICATION DES RECOMMANDATIONS
Pour Dr Elisabeth Liyong Diallo, CEO et fondatrice de Likak Research, «c'est important d'avoir ce symposium sur la santé néonatale parce que c'est un problème qui touche le monde entier. Et nous sommes au Sénégal, nous sommes en Afrique, donc ce phénomène nous touche particulièrement. C'est important que l'on dissémine ce groupe de chercheurs de 150. Depuis 4 ans, 150 auteurs ont travaillé d'arrache-pied et ça nous fait l'économie de travailler pendant 5 ans, de trouver de grands chercheurs qui nous fournissent des informations que nous pouvons appliquer, celles qui s'adaptent à notre concept.
Le Lancet a travaillé, a fait des propositions, mais ce n'est que les acteurs qui sont réellement sur le terrain qui peuvent savoir ce qu'on peut adapter à toutes ces recommandations qui ont pu être faites par les chercheurs. Plusieurs de ces recommandations sont applicables comme la suplementation en nutriments pour les femmes enceintes, des suppléments en médicaments anti palu. Mais ils recommandent d'autres supplémentations en aliments. Les problèmes sont pratiquement les mêmes dans toute la sous-région et même dans la plupart des pays africains : il y a quelques disparités en termes de qualité de personnel peut-être mais les problèmes sont tout à fait les mêmes», explique-t-elle.