Afrique Centrale: Carlos Kameni, gardien camerounais - «À 39 ans, je suis toujours un gamin !»

interview

Carlos Kameni remet les gants... à 39 ans ! L'inusable gardien camerounais, champion olympique à 16 ans, champion d'Afrique à 18, revient dans son deuxième pays : l'Espagne. Après avoir porté les couleurs de l'Espanyol Barcelone et de Malaga au tournant des années 2000/2010, le natif de Douala rebondit en troisième division espagnole, non loin de Malaga justement, à Antequera, où il va découvrir Carlos Kameni, le huitième club de sa carrière.

RFI : Vous avez 39 ans et n'êtes pas prêt à raccrocher les gants ! Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter ce nouveau challenge ?

Carlos Kameni : Je suis toujours passionné. J'ai pris soin de moi, je m'entraîne quotidiennement, toujours avec cette envie de continuer à prendre plaisir. J'ai eu des offres un peu lointaines, mais aujourd'hui avec ma famille, on privilégie autre chose. Il y a un jeune gardien qui s'est blessé au genou, je suis désolé pour lui. Mais Antequera m'a donc appelé pour le remplacer et pour donner un coup de main. Et j'ai accepté volontiers. Étant agent libre, je pouvais signer à n'importe quel moment.

Votre dernière expérience était en Andorre, vous revoilà désormais en Espagne !

Ce n'est pas très loin ! J'ai fait de gros sacrifices pour avoir une stabilité familiale. Je veux en profiter. Andorre, c'était juste à côté. Antequera, je me suis dit « pourquoi pas » ?

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L'Espagne, vous connaissez très bien, vous y avez brillé, à l'Espanyol Barcelone et à Malaga. Ça vous fait plaisir de revenir ?

C'est ma deuxième patrie. Je suis arrivé à Barcelone il y a 19 ans. Comme quoi le temps passe vite... J'ai tout de suite été très bien accueilli. J'ai fait huit ans et demi en Catalogne, et après, je suis allé à Malaga. Et maintenant, on y revient [Antequera se trouve à 50 kilomètres au nord de Malaga, ndlr]. Je suis très aimé ici, ma famille s'y sent bien et on a notre pied-à-terre. Après le foot, c'est dans cette ville, à Malaga, que je vivrai.

Vous allez attaquer la 20e saison professionnelle de votre immense carrière. Pour vos débuts dans le foot, vous avez remporté l'or olympique et une CAN (en 2000 et 2002). Aujourd'hui, qu'est-ce qui vous anime dans le football ? Le plaisir, la transmission ?

C'est toujours le plaisir ! J'ai eu la chance de faire de ma passion un métier. J'en ai profité pleinement. Je continue à prendre ce plaisir-là : être sur le terrain, m'entraîner... Et le transmettre ! Aujourd'hui, dans les effectifs, je rencontre des joueurs plus jeunes. Certains ont l'âge de mon fils aîné, qui a 19 ans. C'est ça qui me motive au quotidien. Le jour où je perdrai cette envie-là, je raccrocherai simplement les gants.

Le monde entier vous avait découvert en 2000 à Sydney face à Ronaldo ou Xavi. Vous n'aviez que 16 ans. Avez-vous toujours la même approche du football ?

À cet âge-là, on est gamin. Même si physiquement et mentalement, j'avais une certaine maturité. À l'époque, tu joues simplement, sans avoir conscience des responsabilités, de tout ce qui va avec. Avec le temps et l'expérience, on se rend compte des devoirs qui nous reviennent. Mais je suis toujours ce gamin, qui aime se lever et plonger aux entraînements. Parce que c'est ma passion.

Vous n'avez jamais officialisé votre retraite internationale. Est-ce que le Cameroun est toujours dans un coin de votre tête ?

Je ne vais pas manquer de respect à mes cadets. À mon âge, il ne s'agit plus de concurrence. Les gens disent « il n'a pas pris sa retraite internationale, il ne veut pas laisser la place aux jeunes, il espère toujours », mais non, je n'espère rien ! Moi, je me considère comme un soldat de la nation. Au Cameroun, nous avons d'excellents jeunes gardiens : André Onana, Fabrice Ondoa, Epassy... Derrière, il y aura la relève.

Je ne me vois pas aujourd'hui demandé à être appelé et faire ombrage à un jeune. Mais s'il y a un cas de force majeure, comme une blessure de dernière minute (que je ne souhaite à personne) ou une situation rocambolesque et qu'on me demande « s'il te plaît, est-ce que tu peux venir donner un coup de main ? », je le ferai volontiers. Moi, je me sens redevable à mon pays qui m'a tout donné. Je fais mon boulot, dans mon club, dans ma vie. Paisiblement, tranquillement. Je suis de loin les Lions indomptables, que je supporte. Mais je ne veux prendre la place de personne.

Vous parliez de l'après-football. Pensez-vous rester en Espagne, ou allez-vous travailler en lien avec le Cameroun après votre retraite ?

J'en parlais ce matin à l'entraînement avec un jeune qui me demandait ce que je pensais faire. Je lui ai répondu que je n'en avais sincèrement pour l'instant aucune idée. Je suis toujours ouvert aux jeunes pour transmettre. J'aime bien donner des conseils à l'entraînement... Je pourrai me reconvertir dans l'administratif, donner des conférences, épauler l'équipe nationale si on me le demande pour encadrer les jeunes qui y vont.

Mais peut-être que je resterai loin du football, en restant concentré sur ma vie de père de famille, en allant voir des matchs de temps en temps si j'en ai l'envie. Pour l'instant, je regarde mes enfants grandir, et je prendrai ma décision plus tard. Mais je resterai fixé à Malaga.

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