Ile Maurice: Les pensionnés détiennent-ils la clé des urnes ?

Le fonds de la Contribution sociale généralisée (CSG) est épuisé. Cela, en raison des paiements de plusieurs prestations auxquelles la CSG était destinée, notamment l'augmentation des pensions de vieillesse, ainsi que d'autres prestations.

Comment le gouvernement prévoit-il d'augmenter les pensions de vieillesse dans ce contexte ? Face à cette réalité économique préoccupante, les pensionnés pourraient être amenés à se poser des questions fondamentales sur leur engagement politique et leur choix lors des prochaines législatives. Pour qui voteront-ils ? Est-ce qu'il y aura une surenchère pour séduire nos aînés et obtenir leurs votes ?

Il faut savoir que selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius, 255 269 personnes âgées de Maurice et Rodrigues bénéficient actuellement d'une pension de vieillesse. Par ailleurs, les résultats du sondage Synthèsesl'express, publiés dans l'édition du vendredi 27 octobre, révèlent que parmi les personnes de 60 ans et plus (c'est-à-dire les pensionnés), sur 1 022 personnes interrogées, 47,2 % estiment que le pays va mal, 56,5 % souhaitent voir l'émergence d'un nouveau parti, et 42,1 % veulent voir l'émergence d'un nouveau leader. Ces chiffres suscitent des interrogations sur la manière dont le gouvernement prévoit d'augmenter les pensions de vieillesse et sur l'impact de cette situation sur la participation électorale des principaux intéressés.

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Une préoccupation majeure des pensionnés est ainsi de savoir si leurs besoins seront toujours pris en compte par le gouvernement malgré le manque d'argent... Un haut fonctionnaire souligne : «Les seniors ont des besoins spécifiques en matière de soins de santé, de logement, de transport et d'autres services sociaux. L'épuisement des fonds de la CSG pourrait compromettre la capacité du gouvernement à répondre à ces besoins de manière adéquate, ce qui pourrait décourager certains pensionnés de participer aux élections, se sentant ainsi négligés et exclus du processus démocratique.» Ils pourraient alors aussi se tourner vers des candidats qui leur proposeraient des «avantages»...

Comment les autres partis politiques comptent-ils dès lors s'attirer 'les faveurs' de cette section de la population ? Pour le député du Parti travailliste Shakeel Mohamed, le but n'est pas de faire du 'marketing'. «Le gouvernement s'est trompé avec la CSG et la population en a été victime. Depuis le début, nous avions dit que la CSG n'est pas une pension mais une taxe additionnelle», affirme le député. Shakeel Mohamed estime que le prochain gouvernement ne pourra se permettre de duper la population. «Quand ce sera notre tour, nous ne pouvons pas commettre la même erreur. Il faut revenir avec le National Pensions Fund (NPF) et revoir ces lacunes avec des partenaires locaux et internationaux.» Shakeel Mohamed maintient qu'il faut un «revamped NPF» qui soit durable, transparent et visible. «Il faut une gestion responsable des fonds du NPF et non de la malversation. Aucun gouvernement ne devrait réduire les pensions des retraités. Il faut garantir que ce qu'ils perçoivent leur permette de maintenir leur pouvoir d'achat. Mais il est nécessaire de trouver une formule pour les soutenir à long terme avec un retour sur investissement», ajoute Shakeel Mohamed.

Le député propose une réforme audacieuse visant à promouvoir l'équité sociale en matière de pension de vieillesse. Selon lui, ceux qui ont des salaires élevés n'ont pas besoin de bénéficier de la pension de vieillesse. Cette mesure vise à redistribuer les ressources de manière plus équitable au sein de la société. Le député argumente que les personnes touchant des salaires élevés ont généralement accès à d'autres formes de retraite et de sécurité financière, ce qui rend la pension de vieillesse moins cruciale pour leur bien-être économique. En éliminant cette prestation pour les individus touchant de gros salaires, le gouvernement pourrait économiser des ressources substantielles, qui pourraient ensuite être réaffectées pour soutenir les personnes à faibles revenus et les groupes vulnérables.

Roshi Bhadain, leader du Reform Party, explique quant à lui que le parti a déjà présenté 80 réformes visant à promouvoir la prospérité du pays dans son ensemble. «Nous ne ciblons pas une seule tranche d'âge, mais toute la population. Ces réformes visent les jeunes, les travailleurs, les parents, les grands-parents et aussi les personnes âgées. Il ne s'agit pas d'une mesure uniquement destinée à une catégorie de personnes», affirme Roshi Bhadain. Il explique qu'au moment voulu, le parti dévoilera son manifeste électoral, mais il confirme que ces mesures visent à soutenir la productivité dans le pays. Roshi Bhadain s'engage à annuler la CSG une fois au pouvoir. «Nous allons rétablir le NPF. Nous devons nous assurer qu'il y a la compétence nécessaire pour contribuer à l'économie du pays. Il faut également garantir un effectif énergique, dynamique et compétent capable de soutenir l'économie dans son ensemble. Il ne s'agit pas de remporter les élections grâce à une mesure phare, mais de gérer le pays dans l'intérêt de tous», affirme le leader du Reform Party.

Quoi qu'il en soit, certains pensionnés pourraient être découragés par la situation économique et remettre en question leur participation aux élections en raison du mécontentement ou de la perte de confiance envers les politiciens et les partis au pouvoir. D'autres pourraient considérer cette situation comme un appel à l'action politique, les incitant ainsi à voter pour des candidats ou des partis qui s'engagent à résoudre les problèmes économiques et sociaux, y compris le financement des prestations sociales.

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