Après un an d'exil, Succès Masra, l'un des principaux opposants, est rentré au Tchad à la faveur d'un accord avec le pouvoir militaire.
Le retour de l'opposant ce vendredi (03.11) au Tchad fait suite à la signature d'un accord avec le gouvernement de transition, le 30 octobre dernier à Kinshasa. Le gouvernement s'était "engagé" à "faciliter le retour" de Succès Masra tout en "garantissant le libre exercice de ses activités politiques".
En retour, l'opposant promettait de "continuer le dialogue (..) en vue d'une solution politique pacifique" au Tchad où il contestait jusqu'alors le pouvoir du général Mahamat Idriss Déby, proclamé président de transition par une junte militaire en 2021.
Réactions positives à N'Djamena
Le correspondant de la DW à N'Djamena a recueilli des réactions à ce retour de Succès Masra. Pour Jérôme, 45 ans et enseignant, "son retour est très intéressant parce que la politique est faite de contradiction. Sans contradiction, on n'avance pas. C'est dans l'opposition des idées que la vérité jaillit. Le retour de Succès Masra au pays va permettre d'ajouter un plus à la scène politique tchadienne".
De son côté, Nasra Djimasngar, chef du parti politique Un jour nouveau, allié à la transition, se félicite qu'après "des moments de déchirements, de guerre, d'accusation des uns contres les autres que les Tchadiens puissent s'entendre pour permettre à l'un de ses fils en exil pendant plus d'un an de revenir au pays afin de continuer à contribuer à l'édification d'une société de paix."
Succès Masra avait quitté le Tchad au lendemain des manifestations sanglantes du 20 octobre 2022.
Entre une cinquantaine de personnes, selon N'Djamena, au moins 300 selon des ONG et l'opposition, avaient péri, pour la quasi-totalité des jeunes hommes et des adolescents tués par les balles des policiers et militaires dans la capitale.
"La justice doit faire son travail"
Pour Flore Memadji, 25 ans et diplômée sans emplois, il ne faut pas oublier cette tragédie pour autant. "Que Succès Masra rentre, c'est bien. Mais la justice doit faire son travail. Un accord sans justice en faveur des victimes, c'est triste", estime-t-elle.
En exil, l'opposant avait planifié un retour à N'Djamena mi-octobre avant de renoncer, faute de garanties de sécurité suffisantes de la part des autorités tchadiennes de la transition.
Quelques jours avant la date choisie, un mandat d'arrêt émis contre lui par la justice de son pays avait en effet été rendu public. Ce vendredi, les autorités judiciaires ont ainsi annoncé la levée de ce mandat d'arrêt.