Madagascar: Collectif des candidats - Manifestants bloqués, la Place du 13 mai n'a pas pu être investie

La troisième n'a pas encore été la bonne. Après celles du 2 et du 8 octobre, le Collectif des candidats a encore une fois été stoppé et refoulé loin de la Place du 13 mai.

Coups de bombes lacrymogènes, tirs de balles en caoutchouc, puis coups de bombes assourdissants, jets de pierres, courses-poursuite et cache-cache jusque dans les petites ruelles du 3ème arrondissement.

Il y a également eux des barricades, des insultes et toutes sortes de provocations.

C’etait  une journée de face-à-face tendu entre les forces de l'ordre et les manifestants, autour d'Analakely, ce samedi.

Et, à la fin de la journée, le premier bilan a donné une dizaine de blessés dont 3 journalistes, 11 arrestations et quelques dégâts matériels.

Une partie de la ville des Mille était, en effet, plongée dans une ambiance politique surréaliste.

Comme ils l'ont annoncé, les candidats du Collectif ont mis à exécution leur projet de descendre sur la Place du 13 mai.

Et comme il fallait s'y attendre, les forces de l'ordre et de sécurité ont tout fait pour disperser les manifestants.

Refoulé

De bonne heure, les quelque 3000 éléments des forces de l'ordre ont bloqué l'accès à la Place du 13 mai.

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Les partisans du Collectif des candidats, quant à eux, se sont donné rendez-vous aux niveaux de différents points de ralliement dont la Station Shell Behoririka, la Station Jovenna Antaninandro et Conforama Tsaralalana.

Les premiers coups de bombes lacrymogènes ont été entendus à Behoririka vers 11 heures 30, où Jean-Jacques Ratsietison était à la tête de quelques manifestants tentant de rejoindre « pacifiquement » le centre-ville.

Cette  première dispersion a fait deux blessés, une femme à son oreille et un homme à la tête.

Les éléments des forces de l'ordre ont pourchassé les manifestants jusque dans les ruelles de ce quartier du troisième arrondissement et ont effectué leurs premières arrestations avec un premier dégât matériel.

À Andravoahangy, à Antaninandro mais surtout à Ankadifotsy et Rasalama, les explosions des bombes lacrymogènes et les tirs de balles en caoutchouc ont refoulé les manifestants qui ont érigé des barricades.

Brutalité

Les mêmes scènes se produisaient dans d'autres quartiers aux alentours d'Analakely.

À Tsaralalana, à Antanimena, à Antsahavola ou encore à Ambodin'Isotry, les forces de l'ordre ont usé de leurs moyens afin de protéger les entrées de la Place du 13 mai, faisant ainsi d'autres blessés et arrestations.

Les observateurs ont été surpris par la brutalité avec laquelle les forces ont dispersé les manifestants.

À Antaninandro, le sénateur Ndriana Michel Rakotondrainibe et le député Fetra Ralambozafimbololona se faisaient même bousculer.

À Antanimena, elles n'ont pas hésité à tirer à bout portant avec des balles en caoutchouc sur un individu en chemise blanche malgré la présence d'un nouveau-né à ses côtés.

Attisant ainsi la colère de tous ceux qui étaient sur les lieux.

Le face-à-face a duré jusqu'à 18 heures à Antanimena, où les forces de l'ordre effectuaient leur dernière arrestation.

Jean-Jacques Ratsietison, Hajo Andrianainarivelo, Roland Ratsiraka et Tahina Razafinjoelina sont les candidats qui ont pris part à cette manifestation.

Marc Ravalomanana a, quant à lui, brillé par le fait que son véhicule a subi quelques dégâts du côté de Behoririka.

Réussite

Sans attendre, le préfet de la ville a donné un point de presse afin de dresser rapidement un tableau de la journée.

Selon lui, les forces ont effectué 11 arrestations et toutes les personnes arrêtées sont en cours d'enquête.

Angelo Ravelonarivo évoquait des blessés sans en donner de détails sauf les quatre blessés dans les rangs des forces de l'ordre.

Cette autorité s'est félicitée de la réussite du maintien de l'ordre durant cette journée.

« Tout s'est passé dans le respect de la gestion démocratique des foules. C'était une réussite car il n'y avait pas de perte en vies humaines. Les forces ont utilisé des armes conventionnelles et non des armes létales », a-t-il précisé.

En tout cas, bien que le Colonel Radosoa Randrianarimasy, commandant de la CIRGN Antananarivo, ait confié ce vendredi que des individus prévoient de faire exploser des bombes offensives et défensives, aucune arme n'a été trouvée chez ceux qui ont été arrêtés.

Indigne

De leur côté, les candidats se sont exprimés devant la presse au Hintsy Ambohimanabola vers le début de la soirée.

Ils ont condamné l'utilisation des forces comme moyens de pression et les brutalités avec lesquelles les manifestants ont été dispersés.

Hajo Andrianainarivelo a même soutenu que l'utilisation de la force est le premier symptôme d'un régime qui ne va plus durer.

En effet, le Collectif des candidats a martelé que le trouble vient de ceux qui donnent les ordres mais qui n'osent pas descendre sur le terrain.

« Nous condamnons de toutes nos forces le comportement indigne des autorités envers les Malgaches », a lâché le patron du MMM.

Selon lui, tout ce qui s'est passé ce samedi dépasse les bornes pour défendre l'intérêt d'une minorité au pouvoir illégal.

« Il s'agit d'un musèlement de la population majoritaire qui aspire à un Etat de droit », a-t-il continué, avant de conclure qu' « il est impossible de tenir la date du scrutin dans ces conditions ».

Le Collectif des candidats a promis à ses partisans de poursuivre la manifestation jusqu'à la restauration de l'Etat de droit dans le pays.

Il n'a plus qu'un seul objectif, « la prise de la Place du 13 mai, symbole de la démocratie », selon le Collectif.

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