À Conakry, le calme est revenu ce dimanche au lendemain d'une journée de tension autour de l'évasion de quatre personnalités de la maison centrale. Trois d'entre elles, dont l'ex-président Dadis Camara, ont retrouvé leur cellule samedi soir. Mais pas Claude Pivi, l'ancien ministre de la Sécurité de la junte, toujours activement recherché par les autorités. Selon les premiers éléments de l'enquête, ils ont bénéficié de complicités, et les autorités ont décidé de prendre des sanctions. Elles ont également présentées leurs condoléances aux familles des victimes.
La forte délégation conduite par Bernard Goumou a rencontré la famille du médecin tué par balles dans des circonstances non encore élucidées. Mais, selon des sources non officielles, c'est un soldat qui a ouvert le feu sur une ambulance qui n'aurait pas obtempéré. Dans tous les cas, ces tirs ont fait deux morts, une petite fille de 6 ans et le médecin.
Le Premier ministre a présenté toute sa compassion aux familles éplorées. « Nous sommes ici au nom du chef de l'État pour témoigner la compassion, pour témoigner la solidarité des membres du CNRD, du gouvernement suite au décès tragique de notre frère, infirmier de son état, qui était dans l'exercice de ses fonctions lors que ce coup fatal est arrivé et qu'il est décédé », a expliqué Bernard Goumou.
Il a lancé un appel à la population et pris des engagements. « Je voudrais dire à nos populations de rester calme, de garder la sérénité et que chacun vaque tranquillement à ses occupations. Les enquêtes ouvertes après cette tentative d'évasion de la maison centrale vont aboutir. Le gouvernement s'engage à faire toute la lumière sur ces évènements ».
Pour l'heure les colonels Claude Pivi, Moussa Tiègboro Camara et Blaise Gomou sont radiés des effectifs de l'armée guinéenne ainsi que 75 militaires, gendarmes et agents pénitenciers soupçonnés de complicité.
Sanctions et radiations dans l'armée
Selon le gouvernement guinéen, ce sont des bérets rouges, des militaires du Bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata) postés devant la maison centrale de Conakry, qui ont ouvert le portail aux hommes venus exfiltrer Claude Pivi, Moussa Dadis Camara et deux autres accusés du massacre du 28 septembre 2009. Des preuves vidéos sont remontées jusqu'aux autorités.
En conséquence, un décret pris ce dimanche décide de la radiation des effectifs de toutes les personnes identifiées formellement; des militaires du Bata qui étaient en faction sur place, de la garde républicaine du camp de Camayenne qui devaient surveiller le tronçon de route, mais aussi des gendarmes, des agents pénitenciers...
Autre décision : la prison passe sous un régime de sécurité renforcée, mais le gouvernement dit ne pas craindre de déstabilisation supplémentaire.
Claude Pivi toujours en fuite
Par ailleurs, la recherche de Claude Pivi se poursuit, c'est son fils Verny Pivi, qui aurait mené le commando. Radié de l'armée pour des faits de banditisme en 2012, il était recherché par les autorités depuis le début de l'année, en particulier dans la région de Nzérékoré en Guinée forestière. Il était déjà suspecté de préparer l'évasion de son père.
Claude Pivi, dit Coplan, est un militaire de carrière originaire de la Guinée forestière, ministre de la Sécurité de la junte, « bras armé » du CNDD et homme clé de l'appareil militaire de Moussa Dadis Camara. Il est un des principaux mis en cause dans le massacre du 28 septembre 2009. S'il a toujours nié sa présence au stade ce jour-là, son inculpation, en juin 2013, a été considérée comme une étape importante par les représentants des victimes. Il est d'ailleurs cité dans l'enquête des Nations unies et a longtemps été dans le viseur de la Cour pénale internationale.
Il était pourtant resté libre jusqu'en septembre 2022 et son placement en détention quelques jours avant le début du procès. Poursuivi pour meurtres, viols, tortures, pillages, il a toujours plaidé non coupable et lors de son audition, il y a tout juste un an, il a chargé l'ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara, Aboubacar Diakité, dit « Toumba ».