La Fondation des Médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA) condamne fermement l'agression et l'arrestation du journaliste ghanéen Nicholas Morkah par des soldats des forces armées ghanéennes à Akim Oda. Nous exigeons une réparation immédiate.
Nous insistons également sur l'abandon de toute accusation injustement portée par la police contre Morkah et sur la nécessité de le dédommager intégralement pour les préjudices subis, y compris les pertes matérielles résultant de cette brutalité.
Morkah, animateur de l'émission matinale d'Akyemansa FM située à Akim Oda, une ville du département de l'Est du Ghana, a été violemment agressé par cinq soldats lourdement armés pour avoir documenté un saccage dans la ville. Les soldats, présumés appartenir à l'école militaire Achiase Jungle Warfare School des forces armées ghanéennes, l'ont ensuite appréhendé et l'ont contraint à effacer certaines séquences vidéo de ses deux téléphones avant de le remettre aux autorités policières.
L'incident s'est déroulé le 19 octobre 2023, alors que l'armée et les douanes menaient une opération conjointe de saisie de véhicules dépourvus de documents officiels à Akim Oda, au Ghana. La situation a visiblement dégénéré lorsque Morkah, qui se déplaçait à moto, est arrivé sur les lieux, près du bureau de poste d'Akim Oda, où des soldats étaient impliqués dans une altercation avec un jeune homme. En sa qualité de journaliste, il a instinctivement sorti son téléphone pour documenter l'incident. Cependant, selon les militaires, cet acte était considéré comme une infraction.
« Lorsqu'un d'eux a remarqué que je les enregistrais, il s'est précipité vers moi. Je leur ai expliqué que j'étais journaliste, mais ils m'ont porté main à plusieurs reprises et m'ont contraint à monter dans leur véhicule, en compagnie de l'autre homme. Ensuite, ils ont démarré. Là, ils ont ordonné à l'autre homme de descendre », a indiqué le journaliste.
Selon la victime, ses agresseurs l'ont conduit à une caserne militaire pour y rencontrer leur commandant ainsi que les agents du service des douanes, de l'accise et de la prévention venus pour une opération
À la caserne, ses téléphones ont été saisis et tous les fichiers qu'ils contenaient, y compris plusieurs documents cruciaux pour des correspondances importantes, ont été effacés.
« Ils ont inspecté mon autre téléphone et ont découvert des vidéos impliquant des officiers de police. Ils ont rapidement compris que j'étais un journaliste infiltré avec des informations importantes. En conséquence, ils m'ont transféré au quartier général de la police d'Akim Oda pour un interrogatoire approfondi. Les officiers Kwadoe et Mohammed, accompagnés de deux autres agents, m'ont escorté à cet endroit », a-t-il raconté.
Morkah a également identifié les officiers Kwadoe et Mohammed comme faisant partie de ses agresseurs. Par la suite, la police lui a accordé une liberté sous caution d'un montant de Ghc5 000 (environ 500 dollars américains). Malgré les soins médicaux qu'il a reçus depuis lors, le journaliste demeure traumatisé.
« Les agents de sécurité ne devraient pas effectuer en public des opérations qu'ils ne souhaitent pas voir documentées, et ils ne devraient en aucun cas agresser des citoyens, et encore moins des journalistes, pour avoir documenté une opération publique, surtout en l'absence d'un avis légal interdisant la captation d'images. Les agressions injustifiées de journalistes par les forces de sécurité dans l'exercice de leurs fonctions deviennent malheureusement de plus en plus fréquentes. Il est impératif que les autorités militaires émettent des directives claires concernant la couverture des opérations publiques. Cela ne doit pas être laissé à la discrétion des soldats », a déclaré Muheeb Saeed, responsable du programme de liberté d'expression de la MFWA.
La MFWA exige des enquêtes policières et des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes. Il est de notre espoir que le journaliste soit indemnisé pour les blessures physiques qu'il a subies, et que ses téléphones soient réparés, quels que soient les dommages subis.