Le Burkina a décidé du rapatriement de ses pensionnaires de l'Ecole militaire préparatoire technique (EMPT) en Côte d'Ivoire. Des sources bien introduites avancent que cette mesure vient en rétorsion au fait que les Ivoiriens admis au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK), n'ont pas répondu à l'appel à Kamboinsé.
Mais il ne faut pas être dupe, ce regain de tensions, si l'on peut ainsi l'appeler, n'est qu'un épisode de la guerre froide que se livrent les deux pays depuis l'avènement du MPSR II au pouvoir au Burkina Faso. En effet, il a fallu de peu d'ailleurs pour que cette guerre froide se mue en affrontement armé avec les menaces d'intervention de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) au Niger, sous la houlette du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) accusé d'être de connivence avec la France « impérialiste ».
Et ce ne sont pas les rumeurs persistantes de recrutement de mercenaires par ADO pour déstabiliser la Transition au Burkina, qui peuvent laisser espérer une désescalade de ces tensions entre ces deux Etats pourtant liés par la géographie et l'histoire. Et pourtant, le bon sens voudrait, contrairement au voeu des pyromanes, que l'on tourne rapidement la page. Et pour cause.
D'abord, l'histoire, pas si lointaine, des relations entre les deux Etats, nous enseigne que les tensions politiques entre Ouagadougou et Abidjan se soldent très souvent par des conséquences politiques, sociales et économiques très désastreuses. L'on garde tous en mémoire, le retour massif de Burkinabè au pays dans des conditions de dénuement extrême.
Il faut jouer balle à terre
Et ce n'est pas « l'opération bayiri » de Blaise Compaoré, qui n'a été qu'une mesure cosmétique, qui fera oublier cet épisode douloureux. En revanche, ce n'est qu'un secret de Polichinelle. Le Burkina Faso a constitué la base arrière de la rébellion qui a déstabilisé pendant longtemps la Côte d'Ivoire. Ensuite, le Burkina Faso, englué dans la lutte contre les groupes terroristes, gagnerait à ne pas se laisser distraire par des épiphénomènes et plutôt concentrer toutes ses énergies pour donner l'estocade aux terroristes.
En tout état de cause, il faut jouer balle à terre. Il y va de l'intérêt des deux pays qui sont liés par un cordon ombilical. Les fréquentes escarmouches ne font qu'affaiblir les deux nations alors que l'effondrement de l'un ou de l'autre entrainerait de facto la déchéance de l'autre. La question que l'on peut se poser, est la suivante : qui pour faire entendre cette voix de la sagesse aux dirigeants des deux pays ? Logiquement, ce sont les organisations sous-régionales comme la CEDEAO ou l'UEMOA qui sont commises à cette tâche. Mais ont-elles aujourd'hui le crédit et la légitimité nécessaires pour le faire après s'être mises à dos certains de leurs Etats membres qui ne les regardent plus que comme des instruments au service d'intérêts étrangers ?
En attendant la réponse à cette question, l'on peut remettre au goût du jour les instruments de coopération entre les deux Etats comme le Traité d'amitié et de coopération (TAC) pour renouer un dialogue constructif qui permettra d'aplanir toutes les divergences. Un proverbe bien de chez nous ne dit-il pas que « si l'on s'asseoit pour parler, l'on évite de détruire la maison commune » ?