À moins de deux semaines de la présidentielle, la tension est remontée d'un cran, le 4 novembre à Madagascar, où les forces de l'ordre ont empêché une manifestation de l'opposition à coup de gaz lacrymogènes dans la capitale Antananarivo.
Le premier tour du scrutin est prévu le 16 novembre. Mais la grande île de l'océan Indien est secouée depuis des semaines par une bataille féroce entre le pouvoir et une dizaine de candidats qui s'opposeront dans les urnes au président sortant, Andry Rajoelina. Rassemblés dans un collectif au sein duquel chaque membre se présente toutefois individuellement à la fonction suprême, les opposants, qui appellent régulièrement depuis plus d'un mois à descendre dans la rue, dénoncent "un coup d'Etat institutionnel" orchestré, selon eux, par Rajoelina en vue du scrutin et réclament une élection "libre et équitable".
Le 4 novembre, en fin de matinée, des cortèges de quelques centaines de manifestants se sont regroupés dans plusieurs quartiers de la capitale pour rejoindre l'emblématique place du 13-mai malgré une interdiction préfectorale. Les manifestations de l'opposition ont un temps été systématiquement dispersées avant qu'une "tolérance" des autorités ne soit dernièrement appliquée. Mais la place du 13-mai à Antananarivo, lieu symbolique et théâtre des contestations politiques sur l'île, est restée terrain défendu pendant la campagne.
Les forces de l'ordre ont rapidement tiré des gaz lacrymogènes en plusieurs endroits simultanément. Des riverains venus faire leur marché ont fui en courant, pris de panique. "Les gendarmes ont tiré directement dans la foule. Pas en l'air. Ils veulent le chaos", a dénoncé le député de l'opposition, Fetra Ralambozafimbololona. Les cortèges ont été dispersés bien avant d'atteindre la place gardée comme une forteresse par des forces de l'ordre déployées en nombre. "Vous nous faites mal, vous nous faites pleurer! On ne fait que revendiquer nos droits", a hurlé une manifestante en direction des gendarmes.