Une quarantaine de femmes du secteur des Walendu Tatsi dans le territoire de Djugu, du secteur des Bahema Sud et de la chefferie des Walendu Bindi dans le territoire d'Irumu, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, se sont engagées à promouvoir la paix et la cohésion sociale dans leurs entités respectives.
Il y a quelques années, à la suite de conflits intercommunautaires qui avaient éclatés en Ituri, le vivre ensemble et la cohésion sociale avaient été mis à mal. Ce sont les femmes qui avaient alors été les plus touchées.
Aujourd'hui, si ces femmes ont décidé de s'unir et de s'engager pour agir autrement en faveur de la paix, c'est parce que la MONUSCO, à travers sa section Genre, les a sensibilisées et a renforcé leurs capacités en matière de prévention des conflits.
Cette sensibilisation a eu lieu les 24 et 25 octobre 2023 dans la localité de Bogoro située à 25 km au sud de la ville de Bunia.
Pascaline Matoya est une femme leader opérant dans la localité de Katoni, en secteur de Walendu Tatsi. Dans le passé, elle a vécu les méfaits de la division. Lorsqu'elle a été conviée à participer à cette rencontre de renforcement des capacités en faveur de la paix, elle a trouvé l'occasion parfaite d'apprendre pour agir autrement et inciter d'autres personnes de son entourage à faire comme elle.
Emue, elle raconte comment elle va désormais se comporter : « Nous, les mamans, après cette formation à la gestion de conflit, nous allons sensibiliser les communautés à bannir le conflit, la discrimination et leur dire que le problème entre deux personnes ne peut pas embraser tout le village et toucher toutes les communautés » !
Entre 2003 et 2004, des tensions communautaires avaient éclaté dans ces entités occasionnant des crimes. Ces évènements de triste mémoire portent encore les séquelles de ces violences sanglantes jusqu'aujourd'hui. Marie-Love Sikitu, présidente des femmes de Lagabo, est loin de les avoir oubliées :
« Nous ne voulons plus entendre parler de violences, de tensions communautaires chez nous car c'est nous, les mamans, qui sommes les premières victimes. C'est pourquoi nous, les mamans, sommes désormais debout pour prévenir les conflits et renforcer la cohabitation pacifique dans tous nos villages ».
Les femmes peuvent apporter le changement. Elles ont beaucoup à apporter pour la restauration de la paix et sont de potentielles actrices du développement. En tout cas, Marie-Love y croit dur comme fer : « Nous avons la force et la capacité de restaurer la paix dans nos milieux et d'éviter les conflits parmi nous ».
Comme Marie-Love, Esther Adieri, femme leader de Bogoro, sait pertinemment comment procéder pour que la paix soit consolidée. Elle aussi a déjà préparé son plan d'action pour atteindre ses objectifs : « Pour y arriver, nous allons mener des séances de sensibilisation dans nos foyers et dans nos églises ».
La cheffe de section Genre de la MONUSCO, Nathalie Kone Traoré, a rappelé que cet atelier s'inscrit dans le cadre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'agenda « femme, paix et sécurité », lequel agenda leur demande d'être des actrices de la paix mais aussi de participer activement à tout le processus électoral. « Nous leur avons dit que le conflit peut arriver, mais c'est sa gestion qui pose un problème. Nous leur avons expliqué que c'est important pour elles de s'engager parce que ce sont elles qui donnent la vie ».
En guise de clôture, ces femmes ont pris l'engagement d'agir en faveur de la paix dans leurs communautés.
Cette série d'activités de renforcement des capacités des femmes leaders et des femmes candidates aux prochaines élections en RDC a été initiée dans le cadre de la transition de la MONUSCO. Ces activités visent à transmettre des compétences à la femme, à pérenniser les acquis de la MONUSCO pour consolider la paix et la cohésion sociale dans la province de l'Ituri.