Après sa nomination comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle de 2024, le vice-président ghanéen Mahamudu Bawumia est désormais confronté au défi de rassembler son camp.
Car s'il a largement remporté les suffrages des délégués du Nouveau Parti patriotique (NPP) samedi dernier, face à son principal rival Kennedy Agyapong, Bawumia doit conforter sa légitimité, mise à mal par des critiques sur l'opacité du processus des primaires et des allégations d'intimidation. La tâche pour succéder à Nana Akufo-Addo à la tête du pays, s'annonce donc plus ardue que prévu.
« Je m'engage à préserver l'unité du NPP », avait déclaré le désormais candidat. Pour y parvenir, Mahamudu Bawumia doit réconcilier les différents camps au sein de son parti. Il y a d'abord celui de l'influent ancien ministre Alan Kyerematen. Dissident du NPP, Kyerematen s'est retiré des primaires, dénonçant un processus biaisé en faveur de l'actuel vice-président, Bawumia.
Ce dernier est issu de l'ethnie Akyim, tout comme le président Nana Akufo-Addo. Le chef de l'État ghanéen est accusé par ses détracteurs de favoriser les Akyim dans son administration, aux dépens de l'autre principal groupe ethnique: les Akan, représenté par Alan Kyerematen. Traditionnellement, ce sont les Akan qui dominaient le parti au pouvoir au Ghana. Depuis, la donne a changé. Mécontent, Kyerematena claqué la porte du NPP et se présentera désormais en tant que candidat indépendant lors de la présidentielle de 2024. Une candidature qui risque de coûter cher à Bawumia dans les urnes, estime Kobby Mensah, analyste politique.
« Il est clair qu'Alan Kyerematen va siphonner les voix du NPP, en particulier dans la région d'Ashanti et d'autres régions clé. Lors des primaires, le parti a intimidé les délegués pour qu'ils votent pour Bawumia mais pour les élections générales, ce sera plus difficile d'intimider les gens. C'est là que nous pourrons mesurer l'impact du départ d'Alan Kyerematen sur les chances du NPP pour la présidentielle. »
L'autre camp est représenté par Kennedy Agyapong, le candidat malheureux lors des primaires. Avec près de 40% des voix, il a un pouvoir de marchandage sur Bawumia, estime les experts. Pour l'instant, Agyapong a déclaré son intention de se rallier derrière le vice-président, reste à savoir s'il tiendra parole.