Congo-Kinshasa: Gécamines - Le dossier de 10 millions de dollars détournés revient à la surface

Nonobstant les différents plans de redressement conçus par ses différents dirigeants, chacun à son époque, la Générale des carrières et des mines (Gécamines) affiche toujours l'image d'un géant au pied d'argile.

Rien ne va plus dans cette entreprise publique, autrefois fleuron de l'économie congolaise, qui peine aujourd'hui à retrouver ses marques. En cause, les détournements fréquents des ressources disponibles distribuées à tour de bras, entre responsables cupides, au gré des intérêts mesquins. Un récent rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) confirme, si besoin en était encore, l'état de déliquescence avancé dans lequel se retrouve actuellement la Gécamines. La patrouille financière menée dans cette entreprise publique avait, au mois d'octobre dernier, révélé la profondeur du gouffre financier qui s'y est installé. L'IGF avait alerté sur des actes de détournement d'une somme de plus de 10 millions de dollars américains à la Gécamines, en plus de 25 millions évaporés, il y a peu, dans ses caisses.

Une trentaine de responsables et consultants de cette société minière d'État serait impliquée dans cette maffia, souligne le rapport de l'IGF. "Cette bande des mafieux a réussi à se faire payer cette somme non pas à la Gécamines mais dans une de ses filiales, Simco qui, au moment des faits, n'était pas encore sous contrôle d'encadrement de l'IGF", avait expliqué l'inspecteur en chef, Jules Alingete, pointant du doigt Guy Robert Lukama, le président du conseil d'administration de la Gécamines et sa clique. Et d'ajouter que c'est au mois de septembre 2023 que l'IGF a pu découvrir le pot-aux-roses lorsqu'elle a décidé de mettre toutes les filiales de la Gécamines sous surveillance.

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Jules Alingete a, par ailleurs, rassuré que toutes les dispositions ont été prises pour la récupération des fonds détournés. Du côté des incriminés, on continue à plaider non coupables. Les fameux 10 millions de dollars, arguent-ils, constituent la gratification que le ministère des Mines a allouée aux membres du comité de gestion de la Gécamines. Et d'affirmer que les opérations ont été documentées au sein de ses organes sociaux et réalisées avec transparence l'année dernière par des virements bancaires aisément « retraçables et retracés ».

Cette affaire aura étalé au grand jour la maffia financière qui s'est installée au sein de cette entreprise publique qui, aujourd'hui, passe pour un bien sans maître. Que ses dirigeants s'octroient des avantages sociaux faramineux, alors que leurs agents continuent à aligner des mois d'impaiement, dépasse tout entendement. Alors que certains membres du conseil d'administration et du comité de gestion de cette entreprise perçoivent plus de 100.000 dollars américains comme salaire mensuel, il y a lieu de s'interroger sur leur sens d'humanisme vis-à-vis des travailleurs réduits à la précarité existentielle.

Avec une production au plus bas niveau, la Gécamines déjà surendettée, au moment où ses partenaires internationaux lui font faux bond, se cherche aujourd'hui désespérément dans un contexte politique qui ne joue pas en sa faveur. Rien donc ne va dans cette entreprise qui navigue à vue à cause de la frénésie boulimique de ses responsables. La justice devrait se saisir de ce dossier afin d'entendre les responsables mis en cause. Dossier à suivre.

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