À un peu moins de deux mois de son départ définitif du Mali, la MINUSMA a réduit ses effectifs de près de 6 000 personnels civils et en uniforme. Parmi eux, les derniers éléments du contingent togolais, l'un des premiers à être déployés au Mali, s'apprête à retourner au Togo. Signe des temps, le camp de Douentza, dernier site d'implantation de ce bataillon, a été fermé et remis aux autorités maliennes le 21 octobre 2023. En dix ans, les Casques bleus togolais, militaires et policiers, ont joué un rôle important dans la stabilisation du Mali, contribuant à la sécurité des populations civiles et renforçant les liens de confiance avec les Forces armées maliennes. Dans cet article, nous revenons sur leur contribution.
Stabilisation des régions du Centre du Mali
Les troupes togolaises ont principalement été déployées dans différentes localités des régions du Centre du Mali, notamment San, Sévaré, Koro, Diabaly, Gossi, Bandiagara et finalement à Douentza, où elles étaient stationnées depuis 2018. Leur mission : sécuriser, rassurer, protéger et accompagner la population dans leur zone de responsabilité, afin qu'elle puisse vaquer à ses occupations en toute quiétude.
Ainsi, les dix bataillons togolais successifs ont accompli leur mission grâce à diverses opérations. Par exemple en 2018 l'opération « FOURADJI II » avait permis d'apporter une aide précieuse aux populations locales, en particulier aux femmes et aux enfants , à travers des consultations médicales gratuites facilitées par la présence de personnels féminin.
L'opération « MONGOOSE » d'octobre 2020 avait quant à elle pu mettre en exergue, la capacité des casques bleus togolais à collaborer avec leurs frères d'arme des forces spéciales égyptiennes, de l'unité pakistanaise d'hélicoptères, ainsi que des forces de réaction rapide sénégalaises. Cette opération d'envergure avait couvert plusieurs régions du centre et du nord-ouest du Mali.
Dans la région de Douentza où ils sont principalement déployés, en juillet 2021, l'opération de sécurisation « BEAVER », avait mis un accent particulier sur le village de Pétaka, en raison des attaques dont ce village avait été la cible. Concernant cette opération en particulier et l'action de la MINUSMA dans la région en général, Ali ONGOÏBA, porte-parole du Chef de quartier Hogon de Pétaka, Hassane ONGOÏBA, déclarait à l'époque : « Les gens ont dit que la MINUSMA n'est pas bonne et que si elle est là, les conflits ne finissent pas. Pour que notre village soit sécurisé, on a crié partout, mais c'est la MINUSMA qui est venue nous aider ». Au-delà de la sécurisation, cette opération avait créé les conditions propices au déploiement des sections civiles de la MINUSMA, permettant l'organisation et la tenue de dialogues intercommunautaires.
Au fil des années, les bataillons togolais ont aussi contribué de manière significative à la sécurité et à la protection de la population civile dans les grandes agglomérations des régions du Centre du Mali. Ils ont ainsi mené plus de 15 000 patrouilles et opérations, parmi lesquelles des opérations de recherche et de détection d'explosifs le long des routes principales et le soutien au règlement des conflits communautaires, grâce à des patrouilles régulières dans la commune de Douentza et les villages environnants.
Au-delà du Centre, des soins médicaux dans le Nord
Au-delà des régions du Centre, les casques bleus togolais étaient également présents à Kidal, dans le Nord du pays, où l'hôpital militaire qu'ils tenaient était devenu incontournable pour les habitants. Le médecin chef de l'hôpital, le Professeur Commandant Nidain MANEH, a évoqué l'étendue des services : « des consultations médicales générales aux interventions chirurgicales, en passant par les consultations dentaires - un service précieux quand on sait que Kidal ne possède aucune autre clinique dentaire ».
Du fait de la présence de la MINUSMA, le Centre de référence de Kidal a joué un rôle vital en matière d'évacuations médicales aériennes. En moyenne, 150 évacuations ont été réalisées annuellement, principalement vers Bamako, le centre médical le plus avancé du pays. Sous la responsabilité du contingent togolais, l'hôpital enregistrait chaque année près de 500 consultations et soins dentaires et effectuait autour de 150 interventions chirurgicales.
Le contingent du Togo affirmait aussi son engagement envers la communauté de Kidal par des actions de solidarité, comme la distribution gratuite de médicaments qu'ils collectaient deux fois par an au profit de l'hôpital.
Les policiers du Togo ne sont pas en reste
Essentiellement basés à Douentza (centre) et Ménaka (nord-est), les 305 éléments togolais (femmes et hommes) de la Police des Nations unies (UNPOL), à l'instar de leurs compatriotes militaires se sont eux aussi distingués au cours de leur service pour la paix au Mali. Au plus près des populations, ils ont participé à leur sécurisation à travers des patrouilles notamment sur les axes routiers et lors des foires hebdomadaires, contribuant ainsi à la relance de l'économie de ces localités.
Les unités de police constituées du Togo au sein de la MINUSMA ont également joué un rôle essentiel dans le cadre de la sensibilisation, de la promotion et de la mise en oeuvre du concept de police de proximité. Tant auprès des population à travers les comités locaux de sécurité qu'auprès des force de sécurité malienne via des formations à leur profit.
Dévouement sans relâche
Initialement constitué de 850 hommes et femmes, le contingent militaire togolais engagé au sein de la MINUSMA a été réduit à 650 éléments en 2021, sans que cela n'affecte son engagement pour la paix au Mali. Durant ces dix dernières années, ils ont fait preuve de courage, de loyauté et de professionnalisme en respectant scrupuleusement le mandat et les règles d'engagement des Nations unies. Une conduite exemplaire au service de la Paix qui mérite un « Akpé kaka » (Merci beaucoup en Éwé).