Afrique Centrale: Turquie - A l'ouverture du procès sur la mort d'une jeune gabonaise, des questions persistent

Danys Dinabongho Ibouanga, étudiante gabonaise de 17 ans dont le corps avait été retrouvé dans une rivière en mars à Karabük, dans le nord de la Turquie (photo d'archives).

À Karabük, dans le nord de la Turquie, s'ouvre mercredi 8 novembre 2023 le procès du meurtre de Jeannah « Dina » Danys Dinabongho Ibouanga, étudiante gabonaise de 17 ans dont le corps avait été retrouvé dans une rivière en mars. Après avoir évoqué un suicide, la police avait été contrainte de mener une enquête, en raison de l'émoi. Plusieurs personnes avaient été placées en garde à vue, mais un seul homme comparaît finalement, et de nombreuses questions demeurent sans réponses.

Le seul accusé est un homme de 55 ans. Des images de vidéosurveillance ont montré Dina sauter de son véhicule, puis par-dessus un grillage près de la rivière dans laquelle son corps a été retrouvé. Selon l'acte d'accusation, le suspect aurait passé sept minutes au bord du cours d'eau, avant de repartir. Plus de sept mois après le drame, le père de Dina Guy Serge Ibouanga a confié son désarroi, à la veille de l'ouverture du procès :

« Dina était notre unique enfant, Dina est partie pour des études d'ingénierie mécanique. Si nous savions qu'en Turquie, il y a des gangs qui sévissent dans les rues de Karabük, on n'aurait jamais ne serait-ce que penser envoyer notre fille en études dans ce pays. Donc nous demandons que justice se fasse pour montrer au monde entier que Dina ne méritait pas cela. »

Le père de Dina parle de gangs, car selon sa famille et des associations féministes turques qui la soutiennent, elle avait reçu des messages à caractère sexuel, dénoncé un harcèlement et des comportements racistes.

Les raisons qui ont poussé Dina à fuir son domicile pieds nus et en courant cette nuit-là demeurent incertaines. Jessica Sandra Makemba Panga, sa mère, estime donc que ce procès ne va pas assez loin : « Les agents des PTT qui harcelaient l'enfant, on ne les mentionne pas dans l'acte d'accusation, et ceux qui poursuivaient l'enfant, ceux-là on n'a pas leur identité. Il y a des caméras partout, un témoin qui dit qu'il a vu des gens poursuivre Dina. Ils doivent nous montrer réellement que ce n'est pas du racisme. Ça s'est passé dans leur pays, ils savent. »

Alors que les audiences ont débuté ce matin, le meurtrier présumé encourt la prison à vie pour « meurtre délibéré » et tentative d'abus sexuel.

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