Tunisie: Fin de cavale pour les cinq fugitifs de la prison de Mornaguia - Après l'étonnement et l'inquiétude, un ouf de soulagement !

8 Novembre 2023

Plusieurs leçons doivent être tirées de l'évasion de la prison civile de Mornaguia des cinq détenus qui viennent d'être arrêtés grâce à une importante mobilisation des unités sécuritaires et militaires, mais ce qui compte le plus, c'est qu'ils ont été capturés vivants et doivent donc dévoiler le modus operandi de leur fuite et les noms de leurs complices.

Une dizaine d'agents et cadres de cette prison ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête confiée à l'unité nationale d'investigation sur les crimes terroristes.

Huit jours après leur fuite, les cinq détenus du groupe terroriste Ansar al-Charia, affilié à Al-Qaïda qui se sont évadés de la prison civile de Mornaguia ont été arrêtés.

Une mobilisation générale de toutes les unités sécuritaires, épaulées par des moyens techniques entre autres de repérage, a eu raison des cinq fugitifs.

Ahmed Melki, (alias le Somalien) , considéré comme l'élément le plus dangereux de la bande a été arrêté dimanche 5 novembre par un agent de police, avec le concours des citoyens.

Deux jours après cette première arrestation, une grande intervention sécuritaire opérée au Mont Bou-kornine qui surplombe la ville de Hammam Lif, ( banlieue sud) par des unités de police, de la Garde nationale et de l'Armée a mis fin à la cavale des quatre autres fugitifs, à savoir Nader Ghanmi, Ameur Belaazi, Raed Touati et Alaaeddine Ghazouani, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur.

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La vieille maison grise de l'Avenue a remercié toutes ses unités qui n'ont ménagé aucun effort pour traquer les terroristes.

Une priorité liée à la sécurité nationale.

Rien de moins !

La page n'est pas tournée pour autant, puisqu'il ne s'agit pas d'une évasion de prisonniers ordinaires, mais d'éléments dangereux incarcérés pour leur implication dans des actes terroristes et l'assassinat des deux martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.

Une «opération planifiée depuis des mois», avait commenté le Président de la République.

Trois hauts responsables du ministère de l'Intérieur ainsi que le directeur de cette prison avaient été aussitôt limogés.

L'affaire a remis en cause le système carcéral national.

Les terroristes n'ont rien vu venir

Si l'évasion a été minutieusement préparée et a laissé perplexes aussi bien les milieux sécuritaires que les citoyens, les fugitifs n'avaient manifestement pas de plan pour le jour d'après.

Une planque sécurisée avec toutes les commodités nécessaires.

Ils semblent également avoir sous-estimé les capacités des forces de l'ordre.

Flattés sans doute par une « évasion réussie » et par le braquage d'une banque tourné à leur avantage, il est vrai, ils se croyaient invincibles.

Or, Ahmed Melki a commis l'erreur de sa vie, en se détachant du groupe pour s'aventurer dans les quartiers populaires de la Cité Ettadhamen où il a été reconnu, alors qu'il circulait, par un agent de police qui l'a immédiatement arrêté, avec l'aide des citoyens.

Melki s'est-il déplacé pour prendre contact avec des cellules dormantes et se procurer des armes avec l'argent volé ? L'enquête en cours nous apportera des réponses.

Les services de police ont intentionnellement gardé le silence et se sont abstenus de communiquer officiellement sur cette arrestation, pour atteindre , à la faveur des aveux de l'unique interpelé, la planque des quatre autres éléments.

Ils ont bizarrement pris la fuite d'une prison hautement gardée

Après le braquage de la banque, les fugitifs se seraient refugiés directement au Mont Boukornine. C'est là qu'ils ont été arrêtés.

Sans armes à feu, ils n'ont pu résister longtemps contre les unités sécuritaires qui les ont surpris dans leur cachette. Une hypothèse qui reste, cependant, à confirmer.

Il est toutefois important de mettre en avant le haut niveau de coordination et de coopération entre les services spécialisés, les services techniques relevant de la direction générale de la Sûreté nationale, la direction générale des unités d'intervention, celle des unités de la Garde nationale, ainsi que les unités militaires.

A cet effet, il est important de souligner le Grand apport de l'Unité spéciale de la Garde nationale (Usgn).

Cette unité basée à Bir Bouregba (Nabeul) compte parmi les meilleures unités spéciales au monde.

La brigade d'intervention issue de cette unité a procédé à l'arrestation des terroristes à l'aube, mais le repérage, semble-t-il, a été effectué bien avant par d'autres unités de renseignements.

Un coup de filet donc réussi qui a mis fin à la cavale des évadés.

Ceux-là mêmes qui ont bizarrement pris la fuite d'une prison supposée hautement gardée.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Faker Bouzghaya, a confirmé dans ses déclarations médiatiques l'apport de cette brigade, sans donner plus de détails relatifs à l'arrestation des prisonniers, en raison de l'enquête confiée à l'unité nationale d'investigation des crimes terroristes relevant de la Garde nationale.

Des leçons à tirer et des mesures à prendre

L'évasion des détenus d'une prison censée être la plus sécurisée du pays a plongé l'opinion publique dans le désarroi.

Leur arrestation, au contraire, est venue confirmer la bonne santé des services sécuritaires et l'isolement de plus en plus confirmé des éléments terroristes qui bénéficiaient durant les premières années de la révolution de soutiens et d'environnement social et politique favorables.

Les groupes terroristes sont aujourd'hui dénoncés comme un corps étranger par les citoyens lambda, comme le prouve, d'ailleurs, la contribution de la population à l'arrestation de l'évadé Ahmed Melki, à la cité populaire Ettadhamen, dimanche 5 novembre.

La donne a considérablement changé avec le démantèlement des cellules de soutien et des cellules dormantes, les unités de lutte contre le terrorisme ont gagné en maturité, en expérience et en efficacité, appuyées par la mise en place, depuis 2016, d'une stratégie nationale contre l'extrémisme et le terrorisme.

Une stratégie qui s'articule autour de quatre piliers fondamentaux : la prévention, la protection, la réponse et la poursuite.

Au demeurant, plusieurs leçons doivent être tirées de l'arrestation des cinq évadés de la prison de Mornaguia.

Les unités sécuritaires n'ont jamais failli à leur devoir, mais une restructuration profonde est plus qu'urgente, a fortiori dans les services spécialisés, compte tenu de l'importance de cet appareil dans l'anticipation des dangers et des menaces qui pèsent sur le pays.

Pour ce qui concerne le régime pénitentiaire, les réformes deviennent urgentes.

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