Reportage sur site, un mois après le drame qui a fait une trentaine de morts, des dizaines de blessés et causé d'importants dégâts psychologiques et matériels au lieu-dit Nkol-Etam, dans le 2e arrondissement de Yaoundé.
C'est un calme de cimetière qui dans le périmètre de la catastrophe de Nkol-Etam, au quartier Mbankolo, dans le 2e arrondissement de Yaoundé. Ce petit village porte encore le deuil après le terrible éboulement qui, il y a un mois, a causé la mort d'hommes, femmes et enfants et d'importants dégâts matériels et psychologiques. Sur place, l'état des lieux force tristesse et consternation, comme si c'était hier, jour où l'inévitable s'est produit. La vie n'est plus à son aise depuis ce 8 octobre 2023, nous confie un riverain. « C'était une zone assez marquée par des bruits d'enfants, des rires... Il y avait de la vie ici. Désormais, comme vous pouvez le constater, tout est calme. Plus de maisons. Le seul son qui retentit de là est celui de l'eau », se lamente-t-il.
Depuis la dernière opération de fouilles menée par les éléments du corps national des sapeurs-pompiers couplés à la destruction de quelques domiciles menaçant ruinent, rien n'a véritablement changé sur le terrain. Si ce n'est la croissance de quelques plantes, en l'occurrence de la citronnelle ou encore le bananier plantain qui décorent ce sinistre lieu. Des gerbes de fleurs déposées en la mémoire des victimes, notamment celles des membres du Réseau inclus, résistent encore fortement aux pluies diluviennes qui s'abattent dans la ville de Yaoundé en général et sur la zone sinistrée en particulier.
Quelques habitations, notamment à l'endroit où tout a commencé, attendent encore d'être démolies. L'une d'entre elles est d'ailleurs marquée d'une croix de Saint André. Les initiales « AD », et la date du 09 octobre 2023 y sont lisibles, signe que les autorités prennent tout leur temps avant de lancer les casses promises dans le concert d'indignations qui avait suivi cette catastrophe.
Morgue
Ce mercredi 8 novembre, un mois se sera écroulé depuis cette lourde épreuve qui a frappé d'horreur les familles et les victimes. « Des corps de victimes sont encore à la morgue. Nous attendons que la levée de corps soit prononcée pour enfin accompagner nos frères, soeurs et enfants dignement. Nous sommes encore sous le choc, rien qu'en y pensant. Personne ne peut te dire qu'il ou elle est à l'aise pour le moment. Malgré que la tension ait diminué de peu », déclare une autorité de ce village.
Pour rappel, le drame s'est produit dans la soirée du dimanche 8 octobre dernier. Ce jour-là, aux environs de 18 h, une retenue d'eau, notamment un mur de soutènement d'un étang, a rompu du fait d'une forte pression d'eau venue des flancs des collines de Febe village, suite à des pluies diluviennes qui s'abattaient sur la capitale depuis plusieurs jours. Bilan de la catastrophe, une trentaine de morts, 31 patients internés dans des centres hospitaliers de l'arrondissement de Yaoundé 2, des disparus, et des habitations transformées en décombres et gravats.