Trois semaines après avoir repris les pourparlers en Arabie saoudite, les forces armées soudanaises et les paramilitaires FSR signent un accord. Les négociations ont lieu sous médiation saoudienne et américaine. Les deux camps en guerre depuis avril ont pris des engagements pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, ainsi que la circulation et le travail des organisations d'aide. Les belligérants se sont aussi engagés à participer à un forum conjoint dirigé par l'ONU sur cette question. Une avancée modeste alors que le conflit a fait plus de 9 000 morts et 6 millions de déplacés.
Les facilitateurs eux-mêmes, États-Unis, Arabie saoudite, Union africaine et organisation régionale Igad, reconnaissent la modestie de l'accord. Le compromis pourrait, selon eux, « soulager les souffrances des populations ». Néanmoins, ils parlent de négociations aux « objectifs restreints » et « regrettent que les parties n'aient pas pu se mettre d'accord sur un cessez-le-feu ». Il faut dire que les précédentes tentatives de médiation ont échoué et tous les accords arrachés ont été rapidement violés.
Nicholas Coghlan parle d'un progrès « extrêmement limité ». Selon l'ancien ambassadeur canadien au Soudan, « les deux parties pensent toujours qu'elles peuvent l'emporter militairement, les pays voisins ne sont pas motivés pour changer la situation et les États-Unis ont la tête ailleurs. »
La cheffe de l'agence onusienne Ocha au Soudan préfère, elle, placer les belligérants face à leurs responsabilités. Pour Clementine Nkweta-Salami, cet accord « marque un moment de vérité ». « Les promesses doivent être tenues » et « immédiatement suivies par des actes concrets », insiste-t-elle.
Néanmoins, la situation ne prête pas à l'optimisme. Alors que l'accord était en train d'être conclu, les paramilitaires ont accusé l'armée d'avoir bombardé la plus importante raffinerie du pays, à El Jelli, au nord de Khartoum. Les FSR accusent l'armée de vouloir « saboter les infrastructures essentielles ». Les forces armées affirment, elles, qu'un camion-citerne des FSR a pris feu et provoqué un incendie.
Dans le même temps, l'ambassade américaine au Soudan a dénoncé, mercredi 8 novembre, des « actes écœurants » commis par les FSR à Ardamata, au Darfour où les paramilitaires sont soupçonnés d'avoir massacré des Soudanais d'ethnie Massalit. Une nouvelle preuve de la dérive ethnique du conflit.