Dakar — La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) envisage de mettre en place un dispositif chargé de lutter contre la désinformation et la "promotion de la haine" dans l'espace public, a annoncé son président, Migui Marame Ndiaye.
"En tant que professionnels de l'information, nous avons le devoir de travailler à une meilleure prise en charge des véritables préoccupations de nos populations, afin de barrer la route aux marchands d'illusions [et aux] promoteurs de la haine", a dit Ndiaye lors d'un débat de la CJRS et de la fondation Konrad Adenauer, mercredi, à Dakar.
La matérialisation de cette initiative passera nécessairement par la diffusion d'une "information juste, plurielle, fiable et crédible", a-t-il affirmé.
La Convention des jeunes reporters du Sénégal l'a déjà expérimentée lors des récentes violences politiques au Sénégal en publiant un bulletin destiné à traquer les fausses nouvelles et à donner la bonne information au public, a rappelé son président.
Avec l'élection présidentielle du 25 février 2024, les Sénégalais auront besoin d'informations exactes sur de nombreux sujets, selon Migui Marame Ndiaye.
"Le fait de ne pas satisfaire cette demande poussera les citoyens à recourir aux amateurs, qui sont souvent partisans, pour s'informer", a-t-il dit, signalant que "le contexte préélectoral est marqué par une crise exacerbée en partie par les discours propagandistes et manipulateurs".
Dans une situation pareille, les journalistes doivent "être les serviteurs de la vérité et de l'intérêt général", a ajouté le président de la CJRS.
Le directeur du bureau chargé de l'État de droit à la fondation Konrad Adenauer, Ingo Badoreck, a rappelé que la désinformation gagne du terrain à cause de "la multiplication des moyens de diffusion", les médias sociaux notamment.
"Internet a rendu la production et la diffusion de fausses informations [...] beaucoup plus faciles et moins coûteuses. Au même moment, il est devenu beaucoup plus difficile de distinguer les faits de la fiction", a souligné M. Badoreck.
Des programmes d'éducation aux médias doivent être diffusés et enseignés pour préparer le public aux fausses informations et l'aider à les distinguer des faits, a-t-il suggéré.
"L'État du Sénégal fait des efforts pour assainir le secteur de la presse", a reconnu Ingo Badoreck en donnant comme preuve de cette volonté le vote d'un code de la presse.
Il a invité les organes de régulation et d'autorégulation des médias à se doter de moyens suffisants pour la diffusion d'une information exacte.