Maroc: Vers l'énergie propre à faible coût

La Déclaration des dirigeants publiée à l'issue du récent sommet du G20 à New Delhi souligne le besoin urgent d'une action collective en faveur de la politique climatique et d'un financement durable. Le Pacte de développement vert du G20 repose notamment sur l'idée que pour progresser rapidement, la transition énergétique doit se faire à moindre coût. Afin d'y parvenir, il faut supprimer les obstacles qui s'opposent à la croissance des énergies renouvelables comme le coût du stockage de l'électricité.

Il reste encore beaucoup de choses à faire. Selon l'Agence internationale de l'énergie, il faudrait multiplier par 3 la capacité de production d'énergie renouvelable d'ici 2030 pour parvenir au Zéro émission nette en 2050. Se pose aussi la question du financement. Dans le cadre de leur Déclaration, les dirigeants du G20 ont réaffirmé leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à financer leurs efforts d'atténuation et d'adaptation au réchauffement climatique.

Dans un discours prononcé avant le Sommet, le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné que cet objectif serait atteint pour la première fois en 2023. Il s'agit d'un pas en avant significatif, mais bien loin des 4500 milliards de dollars d'investissement annuel dans les énergies propres nécessaires d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Il faut manifestement changer radicalement notre stratégie de financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Les banques multilatérales de développement et la philanthropie devraient jouer un rôle clé, d'une part pour faciliter ce financement et réduire les risques pour les investisseurs et le secteur privé, d'autre part pour encourager la création de fonds à faible coût destiné à faciliter la transition vers les énergies renouvelables.

L'objectif n'est pas seulement de réduire considérablement le prix des technologies propres, mais aussi de réduire les coûts de la R&D (recherche et développement) en la matière, de faciliter leur entrée sur les marchés de masse et de développer des liens financiers entre les différents acteurs. Mais il faut un effort concerté de tous les acteurs pour rendre ces technologies accessibles. En collaborant à la baisse du coût des énergies renouvelables, nous pouvons stimuler la demande, encourager l'innovation et amorcer une transformation du marché ouvrant la voie à un avenir plus durable et plus résilient pour tous.

Beaucoup dépend de la résolution du problème du stockage de l'énergie. L'énergie solaire et l'énergie éolienne représenteront presque certainement la majeure partie de la production d'électricité verte en raison de leur disponibilité et de leur coût relativement faible. Mais ces sources ne sont abondantes qu'une partie du temps : les pays proches de l'équateur reçoivent environ 12 heures de soleil par jour, tandis que le vent est variable. Les systèmes de stockage de l'électricité sur batterie (BESS, Battery energy storage systems) pourraient être une solution potentielle à cette variabilité de l'énergie éolienne - surtout si leur prix diminue.

L'Alliance mondiale pour l'énergie au service des populations et de la planète (dont je suis le président) a suscité la création du Conseil de leadership mondial (Global Leadership Council) qui a fait des BESS l'une de ses initiatives majeures. Lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat (COP28) à Dubaï, ce conseil lancera le BESS Consortium, un partenariat multipartite de grandes institutions de financement du développement qui soutiendra le déploiement d'une première vague de projets BESS dans les pays en développement en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes.

L'objectif est de stocker 5 gigawatts de BESS d'ici la fin de 2024, de sécuriser plus de 4 milliards de dollars de financement sous forme de subventions, de prêts concessionnels et de financement commercial, et de parvenir à 400 gigawatts d'énergie renouvelable, dont 90 gigawatts de BESS d'ici 2030.

L'Inde notamment, compte tenu de son plan visant à augmenter la capacité d'énergie renouvelable à 600 gigawatts (65 % de la capacité totale installée) d'ici 2032 a un énorme potentiel pour les BESS. Afin d'atteindre cet objectif ambitieux, les entreprises de distribution d'électricité doivent être en mesure d'acheter et de distribuer durablement de grandes quantités d'énergie renouvelable. Les BESS peuvent également servir à équilibrer le réseau, à soutenir le démarrage d'installations côté utilisateur, et à fournir d'autres services importants pour réduire le coût total de l'électricité.

À New Delhi, un projet de BESS d'une puissance de 40 mégawattheures vise à construire une voie évolutive pour 1 gigawatt de stockage d'ici 2026. Ce projet pilote, qui devrait créer 10000 emplois une fois mis à l'échelle, pourrait faire progresser la technologie et encourager l'utilisation des énergies renouvelables. Cela renforcerait la stabilité et la fiabilité du réseau électrique et permettrait une plus grande intégration des sources d'énergie propre. À terme, cela devrait réduire notablement les émissions de dioxyde de carbone et assurer un approvisionnement fiable et pas trop cher en énergies renouvelables.

Ces technologies sont porteuses d'un immense potentiel de diversification économique, elles renforcent la sécurité énergétique et s'accompagnent de création d'emplois. L'objectif des Dialogues sur la transition énergétique qui viennent d'avoir lieu à New Delhi est de collaborer à la promotion de ces technologies et de parvenir à une prospérité globale reposant sur les énergies durables.

La course aux énergies renouvelables à prix abordable constitue une occasion historique de parvenir à une croissance durable et inclusive à faible émission de CO2. Mais nous ne réussirons que si le secteur privé, les Etats et la société civile coopèrent en vue de faciliter l'accès aux technologies propres et d'en diminuer le coût.

Président de l'Alliance mondiale de l'énergie pour les personnes et la planète.

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