Afrique de l'Est: Accroître l'utilisation des soins de santé primaires aux Comores

Sage-femme, tient dans ses bras un bébé qu'elle vient d'accoucher à l'hôpital de Nioumachoua, sur l'île de Mohéli.
communiqué de presse

La population des Comores a longtemps souffert des services de santé insuffisants, en termes de médicaments, d'équipements, d'infrastructures et de personnel de santé qualifié. Moins de la moitié des femmes enceintes bénéficient de soins prénataux complets.

Seul un tiers des enfants de moins de 5 ans souffrant de maladies infantiles suspectes telles que la pneumonie ou la diarrhée sont emmenés dans un établissement de santé ou chez un professionnel de santé. Plus de la moitié du personnel de santé des établissements publics sont des bénévoles. En 2019, la Banque mondiale a commencé à soutenir le gouvernement par le biais du projet COMPASS (Projet d'approche globale du renforcement des systèmes de santé) afin d'améliorer l'utilisation de soins de santé primaires de qualité aux Comores. Les consultations des femmes enceintes et les accouchements assistés par du personnel de santé qualifié ont augmenté depuis le début du projet.

Soilhat Nabahana a l'air fatiguée mais heureuse et soulagée. Cette jeune sage-femme de la maternité de Nioumachoua, sur l'île de Mohéli, n'a pas dormi la nuit précédente, car elle avait été appelée d'urgence vers minuit pour aller chercher une femme qui avait des contractions. A bord de l'ambulance et sur le chemin de l'hôpital, Soilhat assistait Harsoiti Hamdia qui donnait naissance à sa deuxième petite fille, Nadjama.

« Harsoiti vit à 20 km de la maternité où je travaille. Sans l'ambulance, je n'aurais pas pu me rendre chez elle à temps et elle n'aurait pas eu d'autre choix que d'accoucher à la maison, sans l'aide d'un professionnel de la santé. Je suis heureuse que la maternité dispose désormais d'une ambulance et que j'aie pu être là pour l'aider, elle et sa fille », raconte Soilhat.

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La maternité de Nioumachoua est l'un des établissements de santé soutenus par la Banque mondiale dans le cadre du projet COMPASS (Projet d'approche globale du renforcement des systèmes de santé). Ce projet est financé à hauteur de 35 millions de dollars par l'Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, qui soutient les pays les plus pauvres au moyen de subventions et de prêts à taux d'intérêt faible ou nul pour des projets qui contribuent à réduire la pauvreté, à stimuler la croissance économique et à améliorer les conditions de vie des populations pauvres. L'objectif du projet COMPASS est d'améliorer et d'accroître l'accès aux soins de santé primaires pour la population, en particulier pour les femmes et les enfants.

Les habitants de Nioumachoua, en particulier les femmes et les enfants, n'ont plus à parcourir des kilomètres pour se rendre à l'hôpital de Fomboni, la capitale de l'île de Mohéli. Cela rassure Djafati Ibrahim, une jeune maman qui attend son troisième enfant. Enceinte de 16 semaines, elle a rendez-vous pour sa consultation prénatale. « Je suis contente car les frais de consultation et d'accouchement sont gratuits. Cela me rassure aussi de savoir que je ne serai pas obligée d'aller à Fomboni pour mes consultations et mon accouchement, car c'est loin de chez moi ».

Les soins prénataux pendant la grossesse peuvent prévenir un grand nombre de décès maternels et infantiles. Ces consultations régulières permettent de suivre l'évolution de la grossesse et de rechercher et traiter les maladies qui influencent la grossesse et l'accouchement.

Les bébés des mères qui ne bénéficient pas de soins prénataux ont trois fois plus de risques d'avoir un faible poids à la naissance et cinq fois plus de risques de mourir que ceux nés de mères qui bénéficient de ces soins.

« Nous constatons une augmentation des consultations de femmes enceintes depuis 2021, année à partir de laquelle notre structure reçoit le soutien du projet COMPASS », explique Soilhat. « Rien qu'en janvier et février de cette année, nous avons déjà eu 32 accouchements. Le taux a presque doublé par rapport à l'année dernière. »

Cette augmentation de la fréquentation est confirmée par le Dr Mohamed Djaloud, médecin-chef du district sanitaire de Mitsudje à Ngazidja, une autre île de l'Union des Comores. Le projet y a recruté quatre sage-femmes et les a dotées de divers matériels et équipements, tels que des échographies, des rayons X, des incinérateurs et des ambulances.

Le projet s'appuie sur le mécanisme de financement basé sur la performance (FBP) qui fournit des fonds aux établissements de santé en fonction des résultats qu'ils obtiennent et leur donne l'autonomie d'utiliser les ressources en fonction de leurs besoins. Le mécanisme de FBP joue un rôle dans l'amélioration des performances des agents de santé et a des effets positifs sur l'utilisation des services de santé, car il incite ces derniers à atteindre les objectifs de services tels que les soins prénataux ou les conseils en matière de planification familiale. En outre, en subventionnant le coût de l'utilisation des services de santé maternelle et infantile, ce mécanisme peut réduire les dépenses personnelles et étendre les services de santé à une plus large population vulnérable.

90 % des établissements de santé du pays bénéficient du mécanisme du FBP et du recrutement de personnel de santé, notamment de sage-femmes et d'infirmières. Ils améliorent la prestation des services de santé maternelle et infantile et encouragent les mères comme Harsoiti et Djafati à se rendre dans les centres de santé pour des consultations.

116 530 personnes aux Comores ont reçu des services essentiels de santé et de nutrition, notamment des vaccinations, des suppléments en micronutriments, des vermifuges, un suivi de la croissance des enfants et des femmes enceintes, et des démonstrations culinaires pour favoriser la nutrition. Ces services sont également disponibles dans 116 sites de santé communautaire grâce au projet.

« Aux Comores, afin de renforcer le système de santé primaire et améliorer la santé de la population comorienne, il est impératif d'adapter les approches et les stratégies à la spécificité nationale d'un petit Etat insulaire, d'où le projet COMPASS, dont l'approche privilégie l'autonomie des structures de santé à travers le FPB, la disponibilité des ressources et du personnel qualifié au niveau local, les mécanismes de renforcement au niveau communautaire, et d'assurer les transferts/transports, y compris entre les îles », explique Maud Juquois, économiste principale de la santé à la Banque mondiale et responsable du projet COMPASS aux Comores.

Le projet COMPASS fait la différence en couvrant les trois îles de l'Union des Comores - Ngazidja, Mohéli, Anjouan - en fournissant des soins de santé primaires de qualité à faible coût et à proximité de la population.

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