Afrique: Le Fonds Monétaire Africain cherche désespérément ratification pour le début de sa mise en œuvre

Dr Jean-Denis Gabikini, Directeur du département développement économique, intégration et commerce de l'Union africaine en marge de la Foire commerciale intra-africaine (Iatf), le 9 novembre 2023 au Caire (Egypte)
9 Novembre 2023

Le Fonds Monétaire Africain, un projet porté par l'Union Africaine, peine toujours à trouver le nombre de ratifications minimales pour le début de sa mise en œuvre. Alors que le traité de cette institution monétaire, adopté en juin 2014, n'a besoin que d'un minimum d'adhésion de 15 pays, seuls trois États l'ont ratifié. Ce qui sonne comme un manque de volonté de politique vis-à-vis d'une institution financière importante pour le financement des grands projets d'infrastructures en Afrique.

(Envoyé spécial au Caire) – La question du Fonds Monétaire Africain s'est invitée à la Foire commerciale intra-africaine (Iatf) qui a débuté ses travaux ce jeudi 9 novembre 2023. C'était en marge du petit-déjeuner de presse que la Commission de l'Union africaine a organisé pour les médias.

Évaluant l'impact du GTIA 2023 sur la croissance économique de l'Afrique et les efforts d'intégration régionale, entre autres progrès réalisés dans le cadre de l'Agenda 2063, des responsables de l'Union africaine ont épluché les écureuils qui entravent la montée en puissance de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Dans ce lot figure le Fonds Monétaire Africain.

Cette initiative dont le début de mise en œuvre nécessite au minimum 15 ratifications n'est présentement adoptée que par trois pays. Un état de fait qui dénote d'une absence de volonté manifeste de la part des chefs d'État et de gouvernement.

Le Dr Jean-Denis Gabikini, Directeur du département développement économique, intégration et commerce de l'Union africaine avise que l'Union africaine a un ensemble de projets pour les institutions financières africaines notamment la Banque Centrale Africaine avec pour pays hôte le Nigéria.

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Ce dispositif est complété par la Banque Africaine d'Investissement dont le pays hôte est la Libye et le Fonds Monétaire Africaine qui va s'établir au Cameroun avec lequel l'Union africaine a déjà signé un protocole de siège.

A l'en croire, ce pays a déjà attribué un bâtiment qui va abriter le Fonds Monétaire Africain mais, malheureusement, ce projet se heurte à la difficulté de ratification.

« Nous voulons que la stratégie et le protocole soient ratifiés pour la mise en œuvre de cette institution financière africaine qui a besoin d'un seuil de 15 ratifications pour démarrer ».

Pour y parvenir, les chefs d'États ont désigné le président du Ghana comme champion de ce projet devant faire la promotion et essayer de convaincre ses pairs pour la mise en œuvre du Fonds Monétaire Africain.

Devant cet état de fait, estime M. Gabikini, l'Union africaine a besoin du support politique de nos chefs d'État pour la mise en œuvre de cette institution qui va aider dans tout ce qui est contrôle macro-économique, le financement d'équipement, le financement de grands projets d'infrastructures dans le continent.

Avec cette institution financière, fait-il croire, on aura plus besoin d'aller chercher de l'argent à l'extérieur parce qu'il va nous supporter en même temps que tout ce qui est support auprès des Banques Centrales notamment les politiques monétaires, politiques financières et même l'appui aux États membres. « En gros, c'est pour le financement des infrastructures ».

La monnaie uniquement africaine sur la bonne voie

Si la mise en place du Fonds Monétaire Africain peine encore à décoller, le projet de création d'une monnaie unique africaine semble prendre la voie.

Il ressort ainsi du rôle de la Banque Centrale Africaine de mettre en place une monnaie commune africaine. D'où le besoin exprimé d'avoir un Institut monétaire africain qui sera basée au Nigéria.

Interpellé sur cette question, le Dr Jean-Denis Gabikini confie que les discussions avec la Banque Centrale Nigériane sont très avancées pour abriter cet institut.

L'Union Africaine travaille avec l'Association des gouverneurs de banques centrales africaines (Abca) sur ce sujet. « C'est avec eux qu'on a développé tous les outils de mise en œuvre de la stratégie de la Banque centrale africaine ».

Pour le patron du département développement économique, intégration et commerce de l'Union africaine, le problème consiste d'abord à mettre en place l'institut monétaire africain qui va être le bras technique de cette Banque centrale africaine déjà adoptée dans l'optique d'avoir une monnaie commune africaine.

Ce qui, selon lui, va permettre de régler le problème avec 47 monnaies africaines qui ne sont pas convertibles.

A son avis, le Système panafricain de paiement et de règlement électronique (PAPSS), développé avec la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), est l'un des moyens qui va permettre de contourner les difficultés de paiement dans les échanges commerciales.

« Avec l'ensemble de ces défis, nous pensons qu'avec une monnaie commune africaine nous pourrons être capables de faciliter tout ce qui est transaction commerciale entre les pays africains », a-t-il lancé avec un élan d'optimisme.

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