L'ambiance varie selon l'altitude. Elle est plus calme dans les régions.
Par contre, une fièvre politique croît sur les douze collines !
Pendant que les chansons de la campagne électorale et les carnavals animent les bourgs, la capitale sombre dans le chaos. Ici, le sang coule sur les chemises blanches.
Là-bas, des transpirations de joie trempent les tee-shirts orange ou jaunes.
Eux, ils crient pour le changement, alors qu'ailleurs, d'autres confirment « ne changeons pas une équipe qui gagne».
Evidemment, la situation à Antananarivo est désolante. Elle est totalement en désordre.
L'historien, le Dr Denis Alexandre Lahiniriko en arrive à conclure que « les Malgaches ont un problème avec le développement », pour faire allusion au caractère de ses concitoyens.
Les yeux fixés sur le rétroviseur, ils n'arrivent plus à dresser des perspectives.
Une journaliste a publié sur son compte Facebook « Madagazascar », en comparant les images de la guerre au Proche-Orient et ce qui se passe sur la Grande île. Sommes-nous à ce stade ?
Les réponses varient selon l'appartenance politique de chacun.
L'histoire se répète, un éternel recommencement. 1972, 1991, 2002, 2009, ces dates sont devenues des saisons de série.
Actuellement, les observateurs sont en train de suivre la saison 5.
Malheureusement, ce n'est pas un film, c'est une triste réaliste.
Les leçons du passé, personne ne les a retenues.
La Place du 13 mai, ce terrain brûlant, ce lieu où les balles en caoutchouc pleuvent, cet endroit sulfureux où les manifestants se donnent rendez-vous tous les 10 ans pour sécréter plus de glandes lacrymales, a perdu son charme, ses fleurs se sont fanées...
Les gouvernants qui se sont succédé sont-ils amnésiques ? Ils ont oublié les séquences précédentes.
De l'instituteur jusqu'au laitier en passant par l'Amiral rouge, l'adage demeure inchangé, « J'y suis, j'y reste ».
Quant au peuple, il suffit qu'on lui chante Madagasikara tanindrazanay du MDRM, qu'un genre de nationalisme primaire surgit de son coeur.
Puis, une fois que le fameux « tolona » finit, les choses se répètent.
Les noms des victimes sont inscrits sur des stèles qui seront après quelques années des petits rond-points.
Ô combien de monuments monolithes sont devenus des tabourets en pierre ! Cependant, blâmer les manifestants serait trop sévère.
« La faim fait sortir les loups de la forêt », disait un dicton. Très affamés, ils n'ont plus le temps de chercher une peau d'agneau. Tout de suite, ils attaquent en meute...
Au début, ils hurlent. En fin de compte, ils se sont métamorphosés en moutons de panurge, ils bêlent.
Madagascar a tant lutté contre la colonisation, le néocolonialisme, la dictature dans le passé.
À présent, c'est toujours le même langage, le même boniment.
Comme la démarche d'un caméléon, le pays fait un pas en avant puis trois pas en arrière.
Autant que le colibri qui croit prendre de l'altitude, le taninjanaka vole à reculons !