Le convoi de la MINUSMA qui avait quitté Kidal le 31 octobre dernier est enfin arrivé à Gao mercredi passé. Il aura donc mis 8 jours pour parcourir 352 km. Un record de lenteur induit par son importance et surtout par les attaques qui l'ont forcé à avancer lentement pour plus de sûreté.
En effet la centaine de véhicules remorques, containers et de transports de troupes qui composaient ce convoi a subi 6 attaques qui ont occasionné 26 blessés dont une dizaine de cas graves. Le refus des autorités maliennes d'accorder une autorisation de survol de leur territoire pour l'évacuation de la MINUSMA, a aussi complexifié et ralenti considérablement les opérations de retrait.
Or, avoir à retirer dans l'ordre environ 13 000 casques bleus, organiser le licenciement de plus de 1750 personnels civils, délocaliser 5 500 containers d'équipements divers et déplacer 4 000 véhicules en moins de 6 mois constituent une gageure pour le commandement de cette force multinationale. L'opération, qui devrait être terminée d'ici le 31 décembre prochain, ne se fait pas sans difficulté.
Entre course contre la montre, vigilance contre les attaques des groupes terroristes et pression des autorités maliennes, le retrait de la MINUSMA ne se fait pas sans difficulté. C'est donc véritablement un ouf de soulagement pour l'équipe du général-major Mamadou Gaye, commandant par intérim de cette force depuis le départ du Néerlandais Cornelis Johannes Kess Mattijssen début janvier que d'avoir pu rallier Kidal à Gao.
Après avoir évacué Ménaka et Tessalit, et maintenant Kidal, ses hommes et sa logistique sont maintenant hors des zones rouges du septentrion malien. Le reste des opérations peut s'envisager avec moins de peur des attaques terroristes et plus de sérénité sur les 7 semaines qui restent pour mettre totalement fin à la présence des casques bleus au Mali.
A contrario, on note un regain de tension, de crispation avec une reprise des hostilités entre les Forces armées maliennes (FAMA) et les troupes de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Chacun des protagonistes, comme on s'en doute, veut occuper le terrain vide que va laisser la MINUSMA dans le septentrion malien. Il s'agit des villes d'Aguelhok, d'Ansongo, de Ménaka, d'Anefis et surtout de Kidal dans la région de Tessalit, au nord du pays.
Le commandement des FAMA a annoncé début octobre qu'elles contrôlaient Anéfis et avaient Kidal en point de mire. Mais la MINUSMA est partie le 31 octobre de cette capitale régionale prenant de court les FAMA à la satisfaction de la CMA dont les troupes ont investi Kidal dès le 1er novembre. Depuis lors, la ville a fait l'objet d'attaques par des drones de l'armée malienne occasionnant 6 morts et d'importants dégâts matériels notamment des habitats civils.
Cette reprise des hostilités entre les troupes de la CMA et les FAMA laisse les autorités algériennes dans un silence étonnant car Alger reste jusqu'à preuve du contraire le médiateur international attitré dans ce conflit. Mais le motus et bouche cousue d'Alger devant cette reprise de la guerre peut s'expliquer par le fait que depuis la signature des accords de paix d'Alger entre le gouvernement malien et la CMA, il y a eu moult changements politiques à Bamako sans qu'on ait noté une volonté d'appliquer ces accords. Maintenant que la MINUSMA est partie ouvrant la voie à la reprise des hostilités, Alger s'est réfugié dans une attitude de à l'impossible nul n'est tenu.