Congo-Brazzaville: Hommage littéraire - Henri Lopes continuera de vivre à travers ses oeuvres

Dans l'après-midi du 8 novembre à l'Institut français du Congo, l'écrivain congolais Jean Pierre Makosso a replongé l'assistance dans le souvenir de l'illustre homme de lettres, également politique, Henri Lopes, décédé le 2 novembre dernier à Suresnes, en France.

Organisée par l'ambassade de France au Congo, la cérémonie littéraire a été rehaussée par la présence de quelques membres du gouvernement dont le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso ; la ministre de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault ; la ministre de l'Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault ; le ministre délégué en charge de la Décentralisation et du Développement local, Juste Désiré Mondelé ; et de l'ambassadrice de France au Congo, Claire Bodonyi. Une minute de silence a été observée en mémoire d'Henri Lopes avant le début de la lecture de quelques extraits de quatre de ses oeuvres.

D'une voix audible, tantôt grave, tantôt mélancolique, Jean Pierre Makosso a fait voyager les spectateurs durant une vingtaine de minutes dans le vaste univers de la bibliographie de l'illustre disparu. Un patrimoine littéraire constitué d'oeuvres à faire réfléchir, pleurer, évader, rire, mais surtout instruire.

« Sans tam-tam », le premier à être lu, est un roman épistolaire d'Henri Lopes paru aux éditions Clé, à Yaoundé, en 1977. Dans cette oeuvre, Gatsé, le personnage principal de ce classique de la littérature franco-africaine, relate son histoire presque cocasse et pathétique, au fil des correspondances avec un de ses amis. Gatsé est un frustré du régime politique tyrannique qui sévit dans son pays. Ledit régime l'a pressé comme un citron et finalement relégué à un poste obscur de professeur dans un établissement de brousse... Lopes se sert de l'univers congolais pour faire une caricature hilarante d'une Afrique victime de la mauvaise gouvernance.

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La deuxième lecture portait sur « Le Pleurer-rire ». Classique de la littérature africaine moderne paru aux éditions Présence africaine en 1982, « Le Pleurer-rire » demeure dans le sillage de la politique. Un peu roman historique, un peu fable morale, à la fois comique, parodique et plaisant tout en étant tragique, l'ouvrage met un accent sur la mauvaise gestion du pouvoir par les dictateurs africains.

La séance d'hommage littéraire s'est poursuivie avec « Le chercheur d'Afriques ». Un roman autobiographique d'Henri Lopes paru aux éditions Seuil, en 1990. « Le saxo de Charlie Parker avait lancé dans la pièce un serpentin musical, glissant, filant, tournoyant à vive allure pour repartir, insaisissable, dans une spirale de fusée. Non, Vouragan n'en rajoutait pas. Son Dual stéréo, dernier modèle, vous transportait dans les espaces d'une salle de concert. Une musique de perles miroitantes, pures comme une eau de roche, une onde azurée sur laquelle le soleil lançait ses étoiles d'argent. -Ouais, l'homme, ouais. Sens ça ! Vouragan affirme que telle est la nouvelle voie du jazz, celle qui touche à l'essence de la mélodie, qui prouve la subtilité de la race. Peut-être... », extrait du livre lu par l'écrivain congolais, résidant au Canada, Jean Pierre Makosso.

En dernière lecture, le public a eu le plaisir de savourer « Une enfant de Poto-Poto ». Ce roman paru aux éditions Gallimard, en 2012, conte l'histoire d'un trio où la narratrice a une grande amie Pélagie. Les deux font connaissance le jour de l'Indépendance du Congo, c'est-à-dire le 15 août 1960. Ces deux personnages nourrissent des relations d'amitié très fortes et, en même temps, une rivalité autour d'un troisième personnage, Franceschini, leur professeur, qui, petit à petit, va devenir aussi leur pygmalion. Toute l'histoire se passe successivement au Congo, en France, aux États-Unis. Le métissage, cher à Henri Lopes, n'est pas ici un concept gratuit mais une condition humaine et culturelle qui ne se fait pas sans douleur ni blessure.

Heureux d'avoir contribué à cet hommage, Jean Pierre Makosso a salué le génie littéraire d'Henri Lopes qui ne laisse aucun lecteur indifférent. « Henri Lopes c'est quelqu'un qui vous fait pleurer et rire partout. Même dans une simple phrase », a-t-il noté. Dans ce même élan, la diplomate française, Claire Bodonyi, a dit, « J'ai aujourd'hui un regret, celui de n'avoir vu Henri Lopes que sur une photo à l'ambassade du Congo en France. Homme politique, diplomate et écrivain congolais, il a été à la fois un novateur et un précurseur. Ses oeuvres sont aujourd'hui un classique de littérature africaine et francophone ».

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