Dakar — La présidente de la commission des journées scientifiques de l'hôpital Abass Ndao, Pr Maimouna Ndour Mbaye, a révélé que 70% des amputations non traumatiques recensées au Sénégal sont liées au diabète, citant une étude réalisée dans les structures chirurgicales.
»Une étude a été faite dans les structures chirurgicales du pays avec des résultats montrant que 70% des amputations réalisées ont pour cause le diabète », a-t-elle dit en animant une conférence de presse, jeudi, en prélude des journées médicales du centre hospitalier Abass Ndao dont le thème porte sur »le diabète sucré ».
Elle a précisé que trois quarts des opérations sont des amputations »majeures » qui touchent les jambes à l'opposé des amputations »mineures » qui affectent seulement des orteils ».
Selon elle, »le diabète est en train de prendre le pas sur toutes les autres pathologies. Ce qui ne devait pas être le cas. Tout le monde se sent concerné au premier plan ».
Citant les statistiques des amputations au niveau du centre Marc Sankalé, elle a affirmé que »les diabétiques ont 25 fois plus de risques d'être amputés que les non diabétiques ».
»Le diabète sucré, c'est quand les urines des patients sont sucrées, car les reins essaient d'éliminer le sucre dans le sang en le faisant passer dans les urines. Quand on parle du diabète tout court, il s'agit du diabète sucré qui est de loin le plus répandu », a-t-elle expliqué.
Il y a un autre type de diabète qui lui n'est pas sucré et dénommé »insipide ». Très rare, il n'a rien à voir avec le diabète dû à un excès de sucre dans le sang, déclare-t-elle.
Le docteur Ibrahima Sow, président de la commission médicale d'établissement, a informé qu'au moins une amputation d'orteil est réalisée par jour au centre Marc Sankalé.
»Il arrive que l'on fasse deux amputations par jour.(...) Ces plaies diabétiques sont en train de prendre le dessus sur notre activité chirurgicale », a relevé le médecin.
Selon le Dr Sow, »la moitié des services sont occupés par les pieds diabétiques ». Il a plaidé pour une « prise en charge décentralisée de ces cas dans les autres établissements de santé ».
A ce rythme, prévient-il, le centre Marc Sankalé ne recevra que « »des pieds diabétiques et l'activité chirurgicale viscérale va disparaître ».
Les amputations sont » invalidantes » et font peur aux malades qui ne veulent plus venir à l'hôpital pour se soigner, a t-il fait observer, rappelant qu »'il y a des mesures après les amputations avec l'utilisation des prothèses, des appareillages orthopédiques ».
Pour le docteur Seynabou Lô, membre de la commission d'organisation des journées, la capacité d'accueil est largement atteinte à l'hôpital Abass Ndao. »Nous recevons de plus en plus de patients, les services de diabétologie et de chirurgie sont pleins (...) avec la fermeture de l'hôpital Le Dantec », a-t -elle dit.
Le centre qui reçoit aujourd'hui les malades de Le Dantec pour la chirurgie, n'a plus la capacité d'absorber tous ces malades du diabète, a averti le médecin.