Cote d'Ivoire: Des Rencontres internationales de la marionnette de plus en plus ouvertes aux femmes

En Côte d'Ivoire, les troisièmes Rencontres internationales de la Marionnette d'Abatta ont débuté ce 9 novembre 2023, dans la commune de Bingerville. Au menu, pendant trois jours : spectacles de rue, danses, cirques et spectacles de marionnettes. Des compagnies du Bénin, du Mali, de la Guinée, de Belgique et de France se produisent. Reportage durant ce festival qui s'ouvre de plus en plus aux femmes.

Dans les ruelles du village d'Abatta, deux personnages montés sur des échasses surnommés « Prince élu » drainent une foule d'enfants en uniforme marron, tout juste sorti de classe. À leurs côtés, sept marionnettes géantes déambulent dans les rues : elles mesurent six mètres de haut et représentent des personnalités qui ont marqué l'histoire de la Côte d'Ivoire.

Tablette en main, Patrick immortalise cette scène : « J'ai bien aimé cette ambiance fantastique. Les enfants viennent toucher la marionnette. »

Histoire d'une femme battante

À la tombée de la nuit, la compagnie malienne Nama présente N'Gneleni. C'est l'histoire d'une femme battante, qui veut jouer de la marionnette malgré l'interdit imposé par sa société. Entourée d'une dizaine d'autres artistes, calebasse sur la tête, elle exprime sa colère face à cet interdit. Parmi elles, l'artiste Bogo Wane : « Quand je suis sur scène avec une marionnette, je me sens plus forte. On a les masques, on a les marionnettes en bois, les marionnettes à tiges qu'on peut manipuler avec les mains. On essaie aussi de leur dire que c'est différent, les femmes ont le droit de toucher. Ce n'est pas sacré, ni rien du tout ».

À cause des barrières culturelles, il a fallu deux ans pour monter ce spectacle au Mali. Yacouba Magassouba, le directeur artistique, espère relancer cette discipline grâce à l'implication de ces artistes : « L'idée, c'est vraiment montrer aux populations maliennes et ivoiriennes aujourd'hui que tous sont vraiment égaux sur la scène de la marionnette. »

Ce festival met en lumière une profession méconnue en Côte d'Ivoire. L'Académie Ivoire Marionnettes forme actuellement une quinzaine d'artistes, pendant trois ans. Le festival s'achève par ailleurs ce samedi soir à Bingerville, près d'Abidjan.

Nous nous inspirons de ce qui existe dans nos traditions en matière de masques et nous l'adaptons au monde contemporain. Quand vous prenez le masque Boloye par exemple chez les Senoufos, le masque Boloye est une marionnette. Avant, quand nous commencions, les enfants, quand on sortait les marionnettes, ils avaient peur. On nous traitait de féticheurs, on nous traitait de tous les noms. Mais aujourd'hui, quand on s'inspire de ces masques, on essaie de penser un peu à nos dessins animés, les clubs des petits. Tout de suite, les enfants ont adopté les marionnettes, parce qu'ils voient que les visages qu'ils ont l'habitude de voir à la télévision, ils voient que ces visages, on peut les retrouver à l'africaine aussi. On peut retrouver ces images sur des marionnettes à l'africaine. Donc, c'est marrant. Les en-fants n'ont plus peur, ils sont vraiment accrochés aux marionnettes

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