Mali: Face aux «mouvements stratégiques» de l'armée, Kidal sur le qui-vive

Au Mali, Kidal est sur le qui-vive. Cette ville du Nord est le fief des rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP). Elle est aussi l'objectif affiché de l'armée malienne qui entend y investir le camp militaire quitté le 31 octobre par la Minusma. Ces derniers jours et dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre encore, l'armée a procédé à des tirs de drone à Kidal, où les réseaux téléphoniques sont débranchés depuis hier soir.

Malitel et Orange Mali, les deux opérateurs ont été coupés à Kidal. Coupés par les rebelles du CSP eux-mêmes. Objectif : éviter que des indicateurs ne communiquent à l'armée malienne des positions à cibler. Cette nuit encore, une frappe de drone a été rapportée au nord-est de la ville, qui n'aurait, selon des sources au sein du CSP, pas fait de victimes.

Depuis samedi dernier, l'armée malienne a multiplié les frappes de drone sur Kidal, qui ont tué mardi au moins une dizaine de civils dont plusieurs enfants. Les combattants rebelles assurent n'avoir subi aucunes pertes, ce qu'il est impossible de vérifier de source indépendante.

Des frappes aériennes ont également été rapportées hier dans d'autres zones de la région de Kidal, on ignore la nature des cibles visées. L'armée malienne a indiqué ce 9 novembre par communiqué qu'elle menait des « mouvements stratégiques », sans préciser davantage, « afin d'éradiquer toute menace terroriste dans la région de Kidal ».

Des mouvements de troupes constatés

La colonne de soldats maliens et de supplétifs russes de Wagner, qui stationne depuis près d'un mois à Anefis, à un peu plus d'une centaine de kilomètres de Kidal, a reçu des renforts. Et certains de ses éléments ont progressé, par groupes réduits, en direction de Kidal, de quelques dizaines de kilomètres. Ces informations ont été recoupées auprès de sources sécuritaires des deux camps.

La quasi-totalité des sources civiles de Kidal est injoignable depuis la coupure des réseaux téléphoniques, hier soir. Reste les liaisons satellitaires, dont disposent les rebelles, avec des téléphones type Thuraya, mais aussi certains opérateurs économiques, avec des connexions internet type Vsat, qui alimentait encore, ce matin, quelques réseaux wifi.

Un Kidalois civil joint de cette manière, pendant quelques minutes ce vendredi 10 novembre au matin, décrivait une attente nécessairement angoissante : personne ne sait de quoi seront faits les prochains jours, ni même les prochaines heures.

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