Afrique: Des acteurs prônent l'utilisation du mix-énergétique pour accélérer l'industrialisation du continent

Helen Brume, directrice de Projects & Asset-Based Finance à Afreximbank, a souligné le rôle central de la banque dans le renforcement de la collaboration sur le continent africain. Elle a mis l'accent sur le programme EPC, stratégiquement conçu pour renforcer les entrepreneurs locaux et conserver des connaissances cruciales sur le continent.
11 Novembre 2023

Le discours actuel qui invite à un abandon des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables pour une transition énergétique ne fait pas l'unanimité en Afrique. Des responsables de structures panafricaines engagés dans l'exploitation et les investissements énergétiques militent plus pour un mix énergétique devant faire de l'exploitation des ressources pétrolières et gazières un vecteur de l'industrialisation en Afrique.

(Envoyé spécial au Caire) – L'Afrique qui polluent le moins mais subit le plus les méfaits de la carbonisation mondiale, doit-elle réellement suivre les pays industrialisés dans leur logique d'opérer une transition énergétique sur la base des énergies renouvelables ?

La question s'impose vue les positions défendues sur la question lors d'un panel tenu ce samedi 11 novembre au Centre Internationale de Conférence du Caire sur le thème « Transition énergétique et industrialisation de l'Afrique ».

C'était dans le cadre de la Foire de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui se tient du 9 au 15 novembre en Égypte.

Selon eux, l'Afrique ne doit pas suivre les pays industrialisés dans leur voie qu'ils ont tracé pour une transition énergétique.

Le Dr. Omar Farouk Ibrahim, Secrétaire général de l'Organisation des producteurs de pétrole africains (APO) n'y est pas allé par le dos de la cuillère. Il a fustigé le fait que pendant longtemps, l'Afrique a été tenu à l'écart dans les prises de décision.

Avant de faire remarquer : « lorsqu'on parle de la transition énergétique tout le monde fait allusion aux énergies renouvelables face aux défis climatiques ».

A son avis, « les pays développés ont usé des ressources fossiles pour arriver à leur niveau d'industrialisation alors que l'Afrique qui est au début de l'utilisation des fossiles, on lui dit qu'il faut se diriger vers les énergies renouvelables. Rien ne nous garantit la viabilité de cette option ».

Il appelle ainsi à jeter un regard critique sur la gestion des énergies renouvelables mais aussi de faire recours aux technologies qui permettent de diminuer les émissions ou les arrêter.

« L'Afrique a des réserves des trillions de gaz que nous pouvons utiliser pour nous industrialiser car nous ne pouvons pas continuer à importer tout ce dont nous avons besoin », a-t-il lancé.

Avant d'ajouter : « Le destin de l'Afrique est entre les mains des Africains eux-mêmes et nous devons l'assumer ».

Pour le patron des pétroliers d'Afrique, les dernières technologies peuvent contribuer à isoler le carbone et que les pays industrialisés qui sont à l'origine de ce « chao environnemental » doivent s'investir pour mener ce processus de dé-carbonisation.

Dans la même dynamique, M. Akol Ayii, président du groupe Trinity du Sud-Soudan, pense qu'il faut assurer un équilibre entre la transition énergétique et les besoins du peuple africain.

D'où la nécessité, selon lui, de faire un mix entre plusieurs solutions énergétiques. « Nos émissions en carbones sont insignifiantes donc pourquoi abandonner les énergies fossiles ».

Abondant dans le même sens, Mme Helen Brume, directrice Projets et financement basé sur les actifs à Afreximbank, rappelle que 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité, 900 millions n'ont pas accès aux énergies propres pour cuire ce qu'elles mangent.

Devant ce tableau peu reluisant, elle estime que le continent doit pouvoir poursuivre son chemin vers l'industrialisation et qu'elle ne peut pas le faire seulement avec les énergies renouvelables.

A son avis, l'Afrique doit améliorer la capacité manufacturière de ses pays pour pouvoir libérer les militaires de dollars qui vont aider à sortir des millions d'Africains de la pauvreté.

Pour y parvenir, Mme Brume indique trois défis à relever dont celui du financement. Une manière pour elle d'inviter à ne pas dépendre uniquement des ressources extérieures pour y arriver.

Ce directrice Projets et financement basé sur les actifs à Afreximbank invite également au développement de la recherche et la coopération entre acteurs africains.

Une position qu'épouse M. Ali Pacha, représentant du ministère de l'industrie et du commerce de l'Égypte.

Selon lui, les crises politiques qui impactent l'Afrique nécessitent la combinaison des efforts mais aussi la réalisation de l'intégration pour développer des chaînes de valeur africains.

A l'unanimité, ces acteurs africains estiment que la transition énergétique mondiale ne pourra pas se faire sans l'Afrique.

Pour eux, l'heure est venue pour le continent de développer les capacités nécessaires pour son industrialisation tout en refusant un quelconque dictat mais en trouvant les finances nécessaires et les bonnes technologies.

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