Afrique: 78 ans et acculée...

Au moment où des défis existentiels énormes tendent les relations internationales et les complexifient, l'Organisation des Nations unies (ONU) voit s'étioler en partie le prestige dont elle jouissait à sa création, il y a 78 ans.

En 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, devant les traumatismes occasionnés à cette occasion, le concert des nations prenait l'engagement d'honorer la vie à travers la mise en place de mécanismes devant à l'avenir bannir le recours à la force comme moyen de résoudre les problèmes auxquels les États seraient confrontés.

L'effondrement des empires coloniaux qui suivit des années plus tard offrait les indépendances aux ex-colonies du Sud pour la plupart, consacrant la liberté. A New York, siège des Nations unies, se joue depuis lors cette grande scène "libérale" où des plus grands aux plus petits Etats, la prise de parole équitable des dirigeants venus des quatre coins du monde magnifiait l'un des principes cardinaux de l'organisation internationale : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et choisir librement leur modèle de développement.

A 78 ans, l'ONU a gagné de nombreuses batailles si l'on s'en tient au fait qu'elle a survécu aux rivalités de ses membres les plus puissants, les cinq : États-Unis, Russie (ex-URSS), France, Chine, Royaume-Uni-. Parallèlement, elle en a aussi beaucoup perdu on peut dire en grande partie par la faute de ces mêmes nations "puissantes" qui ont appris à la devancer, la délaisser quand leurs intérêts géostratégiques le commandent. À tel point que le service après-vente que ces puissances assignent à l'ONU pour « réparer » les ravages des guerres de domination qu'elles conduisent souvent sans la moindre retenue la décrédibilise aux yeux des opinions publiques.

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Dans les pays où ces guerres punitives foncièrement prédatrices ont été orchestrées, les populations ne doivent plus rien à la prestigieuse ONU. Elles ne comprennent pas que ses soldats occupent leurs baraquements quand se produisent des massacres, certains casques bleus étant en revanche dénoncés pour des actes contraires au maintien de la paix qu'ils posent (des cas de viols souvent signalés) durant leur mandat. Quand bien même beaucoup d'hommes payent de leurs vies cet engagement humanitaire qu'ils remplissent avec courage et abnégation, la balance pèse de moins en moins en faveur du succès des opérations onusiennes.

Ces dernières années, des appels à la réforme de l'ONU se sont multipliés. Ils viennent des pays du Sud mais pas seulement car ils sont désormais relayés par les chancelleries des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui sont en faveur de l'élargissement du cercle de décision. Si cette question se pose aujourd'hui avec acuité, c'est que, d'une part, pour le moment l'ONU est irremplaçable, et, d'autre part, parce qu'il n'est plus possible que seulement cinq États qui plus est ne parlent pas le même langage, continuent de régenter le plus grand nombre depuis bientôt huit décennies.

Dans cette domination de quelques-uns devenue contradictoire, l'ONU devient perdante en expertise quand il s'agit de garantir la paix entre les nations. Les conflits passés et actuels le démontrent avec éloquence, amoindrissant de jour en jour la visibilité d'une instance qui incarne toujours l'espoir d'un monde civilisé. L'ONU est même et encore une chance pour l'humanité.

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