Au Togo, c'est un procès qui a fait la Une des journaux dont le verdict a été rendu, cette semaine, par un tribunal militaire, trois ans après le meurtre du colonel Bitala Madjoulba, commandant du 1er bataillon d'intervention rapide, retrouvé mort dans son bureau au lendemain de l'investiture du président Faure Gnassingbé dont il faisait partie du cercle rapproché.
Cinq militaires ont été condamnés à des peines allant de 5 à 20 ans de prison. La peine la plus lourde a été prononcée contre le général Abalo Kadangha, chef d'état-major général de 2013 à 2020. Deux accusés ont été acquittés.
Joint par RFI, Atcholi Kao Monzolouwe, président de l'Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO), évoque un procès spécial à plusieurs égards, notamment en raison de la juridiction et du statut professionnel des accusés, mais qui n'a pas permis de faire toute la lumière sur cette affaire.
« C'est la première fois qu'un tribunal militaire opère, au Togo, avec un officier général à la barre qui était chef d'état-major général des armées, au moment des faits. Ensuite, il faut capitaliser le fait que certains militaires soient acquittés à l'issue de ce procès et autorisés à rejoindre les effectifs de l'armée. C'est aussi un fait positif qui constitue une jurisprudence qui va corriger beaucoup d'erreurs judiciaires qui ont créé des préjudices sur plusieurs militaires, de par le passé. Cependant, sur l'affaire proprement dite, l'opinion nationale et internationale est restée sur sa soif. Les juges ne sont pas parvenus à mener des investigations approfondies en vue de la manifestation de la vérité sur les vrais auteurs et les raisons de ce crime ».
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