Madagascar: Présidentielle - Un nouveau rassemblement du collectif des 10 réprimé à Antananarivo

Le Collectif des candidats (photo d'archives).

À Madagascar, la situation était de nouveau très tendue dans la capitale ce samedi 11 novembre, à cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle. Le collectif des 10, qui avait annoncé vouloir descendre sur la Place du 13 mai, en a été empêché. Les candidats d'opposition réclament toujours le report du scrutin.

Ce samedi après-midi, seuls une cinquantaine de mètres séparent manifestants et forces de l'ordre, face à face, à Behoririka, dans le centre de la capitale. Des feux sont allumés et des pierres jetées par les partisans de l'opposition qui érigent un barrage de fortune. Quand les forces de l'ordre finissent par répliquer, des tirs de grenades lacrymogènes retentissent, rapporte notre correspondante à Antananarivo, Pauline Le Troquier.

Un scénario prévisible pour Jim, manifestant, équipé d'un masque au visage. « Le gouvernement ne veut pas nous écouter, on est devant une supposée élection où on voudrait tout simplement bafouer la vraie démocratie et la voix du peuple. Et bah voilà, on ne s'écoute plus, on doit aller dans la rue pour se faire entendre. On ne veut pas d'élection si c'est juste de la mascarade. On a tous peur, mais il faut surmonter cette peur », affirme le jeune homme.

Tsitohaina, étudiant en génie civil, a caché à ses parents qu'il venait manifester. « Si on ne se bat pas, qui va se battre pour nous ? », s'interroge-t-il. De son côté, Yvonne*, une thérapeute, se dit déterminée : « On est là, on a peur des grenades, ils blessent, mais on ne se décourage pas. Il ne faut pas que l'élection ait lieu. Tout est trafiqué. Il faut arrêter ça ».

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« Quand est-ce que ça va s'arrêter ? »

Il ne peut pas y avoir d'élection dans ces conditions, martèlent, eux aussi, les candidats du collectif des 10. À quelques jours du vote, cette posture est-elle encore tenable ? « Oui », assure Roland Ratsiraka. Habituellement entouré par ses compagnons de lutte, il était le seul candidat présent au rassemblement ce samedi après-midi. « Tout le monde s'accorde à dire que cette élection est mal partie et que nous ne sommes pas dans un climat favorable à une élection présidentielle. Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Ça va s'arrêter le jour où ils se rendront compte qu'ils vont dans un mur. J'ai foi qu'il n'y aura pas d'élection », affirme le candidat.

Au moins dix personnes ont été évacuées de la manifestation par la Croix-Rouge. Selon la gendarmerie, 11 manifestants ont été arrêtés et quatre membres des forces de l'ordre blessés.

Dans ce contexte, des voix s'expriment aussi dans le camp présidentiel pour que le scrutin ne se tienne pas dès jeudi prochain, rapporte notre envoyée spéciale à Antananarivo, Claire Fages.

* Le prénom a été modifié

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