Dakar — Des participants au panel consacré à la critique littéraire, samedi, à Dakar, souhaitent que cet exercice intellectuel soit régulièrement pratiqué dans les médias sénégalais, en vue d'une bonne promotion du livre et de la lecture.
L'organisation du panel était une initiative de l'Association de la presse culturelle du Sénégal (APCS) et de l'association "Nous aimons lire".
"La critique littéraire : pluralité des perspectives et place dans la chaîne du livre" était le thème de cette rencontre qui s'est tenue au Musée des civilisations noires (MCN).
Alioune Badara Mané, le président de l'APCS, a parlé de "l'importance de ce maillon de la chaîne du livre qu'on a tendance à oublier", la critique littéraire. Elle est intéressante dans la mesure où elle est la rencontre de "regards croisés", d"'opinions diverses" et de "perceptions nuancées" sur le livre, a-t-il souligné.
"Nous souhaitons voir davantage de critiques littéraires et de notes de lecture, pour que le livre, les bibliothèques et les cafés littéraires puissent avoir droit de cité partout dans le territoire national", a dit Mané.
"La critique littéraire est l'un des chaînons manquants de ce que nous voulons bâtir", a signalé Ibrahima Lô, le directeur du livre au ministère de la Culture et du Patrimoine historique.
Andrée-Marie Diagne, enseignante à la faculté des sciences et techniques de l'éducation et de la formation de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, a recommandé de ne faire la critique que des livres qu'on a lus.
C'est l'attitude qu'elle adoptée lorsque le roman "De purs hommes" (Jimsaan, 2018), de Mohamed Mbougar Sarr, a suscité la controverse au Sénégal. "À la sortie du livre, un tollé s'en est suivi [...] Je me suis abstenue d'en parler avant de le lire", a-t-elle dit lors du panel auquel ont pris part de célèbres hommes et femmes de lettres, dont le critique littéraire Racine Senghor et le journaliste Sada Kane.
La critique littéraire peut susciter des envies de lecture
"Il nous faut une critique littéraire, il nous faut une critique journalistique, il faut que le livre soit présent dans la presse", a soutenu Racine Senghor, également président du conseil d'administration du MCN.
"Des livres, il y en a tellement que nous avons quelquefois besoin qu'on nous aide à choisir", a dit M. Senghor, laissant entendre que la critique littéraire peut susciter des envies de lecture et faciliter aux lecteurs les choix à faire parmi les nombreux ouvrages.
Il a encouragé les journalistes culturels à beaucoup pratiquer la critique littéraire.
L'éditeur Abdoulaye Diallo, directeur de L'Harmattan Sénégal, a évoqué le souvenir du professeur Amady Aly Dieng (1932-2015), auteur de nombreuses critiques littéraires publiées dans la presse sénégalaise.
"Nous sommes en train de nous battre pour la construction d'une bibliothèque nationale au Sénégal. Je me battrai jusqu'à la dernière énergie pour que le nom du professeur Amady Aly Dieng soit donné à cette bibliothèque", a promis M. Diallo, invitant dès maintenant les autorités du pays à prendre cette décision.
L'APCS a remis des distinctions à la romancière Fatimata Diallo Ba, à la chorégraphe Gacirah Diagne, à l'artiste plasticien Kalidou Kassé et à l'artiste comédien Pape Faye pour leur contribution à la promotion du livre et de la lecture.
Les journalistes culturels Baba Diop, Sada Kane, Alassane Cissé, Alioune Diop, Lamine Ba, Aboubacar Demba Cissokho et Fadel Lô ont également été distingués par l'Association de la presse culturelle du Sénégal.
Une distinction a été décernée à titre posthume à El Hadji Ndatté Diop. Ce journaliste de la Radio Futurs Médias (privée), décédé le 13 mars 2022, fut président de l'APCS.