Sénégal: Mise en place du FITE - Il faudra plus que du « courage » pour faire plier Macky Sall

Drapeau du Sénégal
12 Novembre 2023

La tension politique sénégalaise, née de l'affaire Ousmane Sonko, n'est pas près de retomber, à l'approche de l'élection présidentielle. En effet, un nouvel acteur vient de s'inviter sur la scène politique sénégalaise et n'entend pas se laisser conter fleurette.

Il s'agit de la nouvelle coalition de l'opposition portée sur les fonts baptismaux ce week-end et forte de 35 personnalités dont certaines ne sont pas inconnues du landerneau politique au pays de la Teranga, comme Aminata Touré, ancienne Première ministre. Le Front pour l'inclusivité et la transparence des élections, (FITE) qui, par ailleurs, signifie en langue wolof « courage », entend perturber le sommeil de Macky Sall pour le contraindre à organiser une élection propre et cela devrait aussi passer, entre autres, selon ses exigences, par la remise en selle de l'opposant Ousmane Sonko disqualifié de la course à la magistrature suprême en raison de ses ennuis judiciaires.

Dans le plan d'action immédiat de la nouvelle coalition de l'opposition, figurent, en pôle position, le recours à la Justice contre le décret qui installe la nouvelle Commission électorale nationale autonome (CENA) et la mise en place d'un pôle d'experts pour le suivi technique du processus électoral. En attendant de voir si les fruits tiendront la promesse des fleurs, l'on peut déjà se féliciter de cette initiative qui témoigne de la vitalité de la démocratie sénégalaise qui a su résister à différentes bourrasques depuis l'indépendance du pays jusqu'à nos jours et cela, dans un contexte sous-régional où les putschs militaires font recette.

Le FITE peut surprendre

L'on peut aussi tresser des lauriers à cette coalition de l'opposition qui inscrit ses activités dans un cadre républicain et l'on peut, de ce fait, espérer que malgré les provocations qu'elle reproche au président Macky Sall, elle ne détruira pas le climat social sénégalais déjà durement éprouvé par les émeutes consécutives à l'affaire Ousmane Sonko.

Cela dit, les questions que l'on peut se poser sont les suivantes : quel est le poids réel de cette coalition sans les deux poids lourds de l'opposition que sont Khalifa Sall et Karim Wade ? La coalition saura-t-elle rallier à sa cause la société civile sénégalaise dont le rôle a été déterminant dans l'instauration de l'alternance démocratique au Sénégal ? Pourquoi la coalition n'a-t-elle pas fait le choix d'une candidature unique pour l'élection ?

Autant de questions qui laissent entrevoir des lignes de fracture dans ce rassemblement qui peut d'ailleurs tomber dans le piège qu'il entend dresser sur le chemin de Macky Sall. En effet, cette coalition risque de dépenser et disperser ses énergies dans des batailles autres que celle de conquérir l'électorat sénégalais par des projets et programmes de société convaincants. Pendant qu'elle mène, par exemple, le combat à l'issue incertaine contre la CENA en raison des textes communautaires de la CEDEAO qui exige un large consensus avant toute modification des règles électorales à l'approche des scrutins (6 mois), la majorité présidentielle, quant à elle, qui part avec une longueur d'avance à cause de son bilan qu'elle peut défendre, sera en train de dérouler sa stratégie pour se maintenir au pouvoir.

Il faudra donc plus que du « courage » au FITE pour faire plier Macky Sall. Toutefois, l'histoire politique du Sénégal nous enseigne qu'il ne faut pas, comme le dit le proverbe, vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Le FITE peut donc surprendre et la majorité présidentielle aurait tort de croire que l'arrivée de cette coalition de l'opposition, ne fera que l'effet d'une tempête dans un verre d'eau.

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