Mali: La guerre de Kidal a donc lieu !

Depuis samedi matin, les Forces armées maliennes (FAMA) marchent sur Kidal. Un changement de la tactique militaire qui les voit désormais combiner bombardements aériens et mouvement de troupes au sol.

Elles sont donc allées directement au contact de l'ennemi, c'est-à-dire les troupes des rebelles touaregs commandés par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA).

Après Tessalit, Ménaka, Anefis, d'importantes cités du septentrion malien, l'armée malienne a donc lancé l'offensive pour la reconquête de Kidal, la capitale de cette région du Nord. Dimanche 12 octobre, l'état-major des FAMA annonçait avoir "brisé la ligne de défense" de l'ennemi, assimilé à des terroristes. A l'opposé, la CMA affirmait avoir repoussé l'offensive des FAMA, leur infligeant de lourdes pertes et un repli forcé.

Quid de la vérité dans cette guerre des communiqués où chaque camp s'attribue la victoire ? Ce qui est sûr, c'est que les affrontements se sont intensifiés dans les faubourgs de Kidal, à 20, 30 km du centre-ville. Longtemps dans la ligne de mire des FAMA, Kidal est une ville presque assiégée aujourd'hui. La guerre de Kidal a donc lieu. L'importance stratégique de contrôler cette capitale régionale fait des affrontements en cours, un enjeu dans les enjeux de la crise malienne. Les combats y font rage et il est difficile d'avoir un bilan des affrontements, car comme dans toute guerre, la première victime, c'est la vérité sur les pertes.

Il ne fait pas de doute qu'il y a des pertes de part et d'autre et que les combats pourraient s'intensifier les prochains jours. L'avenir d'une résolution de la crise malienne à court ou long terme se joue dans cette guerre de Kidal. En effet, il y a fort à parier que la CMA pourrait nouer une alliance avec les groupes armés terroristes qui ont pignon sur les dunes maliennes depuis une bonne dizaine d'années. Dans la logique de "les ennemis de mes ennemis sont mes ennemis", ni l'EIGS, ni le GSIM n'ont intérêt à ce que Kidal tombe sous le contrôle du gouvernement malien.

Ce serait la fin retentissante d'un symbole. Celui du Mali qui perd sa région du Nord dans cette guerre de sécession que lui ont imposée d'abord les rebelles touaregs, ensuite les groupes djihadistes. Les premiers rêvent d'un Etat de l'Azawad, les seconds d'un Kalifa dans le Sahara et le gouvernement malien d'une reconquête totale des territoires du pays tels que reconnus à son indépendance.

Après plus de 20 ans de crise et de combats, de changement de gouvernement et de retournement d'alliance, le Mali d'Assimi Goïta est militairement équipé aujourd'hui plus qu'hier au point de demander le départ des troupes étrangères de son sol, y compris les Casques bleus. Après Tessalit, Ménaka, Anefis et pourquoi pas demain Kidal, il compte bien combler efficacement le vide laissé par ses alliés d'hier.

Ce n'est pas gagné d'avance pour Bamako, car depuis une bonne quinzaine d'années les FAMA ont connu moult infortunes dans la défense et la reconquête de Kidal qui a longtemps été sous contrôle des rebelles touaregs avant les opérations Serval, Barkhane et l'arrivée de la MINUSMA. C'est pourquoi, la grande probabilité d'une victoire des FAMA dans les combats qui se déroulent depuis samedi autour de Kidal ne mettrait pas pour autant fin à la guerre pour le contrôle de la capitale du nord Mali.

Pour sûr, la CMA, l'EIGS et le GSIM n'abdiqueront pas facilement. Même chassés de Kidal et de ses faubourgs, Ils s'organiseront pour revenir harceler les positions de l'armée malienne. Une chose est donc de reconquérir Kidal, une autre est de pacifier le septentrion malien.

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