À la sortie de Goma, une des plus grandes villes de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les camps de déplacés sont saturés depuis quasiment le début de la guerre contre les rebelles du M23. Les habitants manquent de tout : pas d'eau, pas d'électricité, pas d'abris, pas de nourriture. Et depuis que les combats ont repris début octobre entre le M23 et l'armée congolaise alliée à des groupes pro-gouvernementaux, les déplacés arrivent chaque jour à proximité de Goma.
Olivier est enseignant. Il y a environ un mois il a quitté sa localité pour fuir les combats. Il nous fait visiter son « bloc » : « Je suis le responsable ». Son « bloc », c'est une succession de minuscules abris plantés dans la boue. Il vient juste de pleuvoir, deux enfants pataugent dans une large flaque d'eau : « Pour trouver de l'eau ici, il faut de l'argent. Ils n'ont pas d'argent, ils n'ont rien. Alors les enfants prennent cette eau pour leur visage, pour se laver. Et ça entraîne des maladies. »
Grande précarité
Des conditions extrêmement précaires qu'Olivier regrette. Les autorités congolaises ou les acteurs humanitaires n'interviennent pas dans ce nouveau camp ouvert mi-octobre et qui compte déjà au moins 6 000 personnes : « Ça, c'est le bureau du nouveau camp ». Innocent Tumaini est le chef du nouveau site, appelé Cepac. Ce n'est pas la première fois que des affrontements touchent son village d'origine mais c'est la première fois qu'il décide de le quitter.
« C'est la mort »
La cause ? La montée en puissance des groupes pro-gouvernementaux, appelés les Wazalendo : « Moi, j'ai peur de rester là-bas. Pourquoi ? Parce que c'est l'insécurité. Si vous allez au champ, il y a les Wazalendo que vous allez croiser. Et quand les Wazalendo croiseront le M23, il y aura des faits qui vont éclater là-bas, et c'est la mort maintenant. Pour éviter ça, nous jugeons qu'il est mieux d'être dans ces zones rouges ». De nouvelles arrivées sont prévues dans les camps. Sur le terrain, les combats s'intensifient sur plusieurs fronts.