Invité de l'émission Jury du Dimanche sur Iradio, le maire de Kolda, Mame Boye Diao a évoqué plusieurs sujets parmi lesquels l'émigration irrégulière et son lot de victimes. Le candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024 dit aussi ne pas concevoir la poursuite de l'enseignement à distance à l'UCAD. Sur la nomination des nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui fait polémique, l'ex directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations a fait une invite au Chef de l'Etat, Macky Sall pour éviter de «créer tout de suite les germes d'une contestation électorale plus tard ».
La recrudescence de l'émigration irrégulière avec son lot de morts ne doit laisser personne indifférent. Il faut une réflexion globale pour faire face à ce phénomène. C'est la conviction du maire de Kolda. Mame Boye Diao, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, était l'invité de l'émission Jury du dimanche sur Iradio hier, dimanche 12 novembre. «Il ne faut pas en faire uniquement une question du gouvernement. Ce n'est pas possible. Il faut régler les questions économiques. Il faut que les questions économiques soient adaptées aux préoccupations des populations. C'est vrai que le régime en place a beaucoup fait mais je pense qu'il faut une corrélation entre les besoins économiques, les besoins socio-économiques des populations et les politiques publiques.
Parce que nos potentiels en matière d'élevage, d'agriculture, de pêche et d'artisanat ne sont pas pris en compte dans l'élaboration des réponses appropriées qui puissent permettre que ces secteurs soient pourvoyeurs d'emploi », a déclaré l'ancien directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations. Poursuivant son propos, il ajoute : « Beaucoup de stratégies qui ont été mises en place en matière d'emploi, prennent en compte très souvent ce que j'appelle l'environnement formel ou l'éducation formalisée française alors que notre potentiel peut ne pas obéir à ce carcan-là. Donc, si on doit donner une réponse économique, qu'on s'intéresse à ces secteurs-là et qu'on crée tout ce qui est mécanismes de renforcement qui permettent l'autonomisation dans leur activité, la production à grande échelle et certainement la commercialisation ».
«Nos jeunes sont en divorce avec l'Etat sénégalais »
Evoquant le secteur informel, le candidat déclaré à la présidentielle de 2024 est d'avis que « si nous voulons que ce secteur donne son potentiel en matière d'emploi en matière de taxes, il faudrait qu'on nous trouve un modèle de modernisation, un modèle de renforcement qui soit le plus armé ». Sur ce sujet, il fait part de son programme. « Une fois président en 2024, je vais partir sur trois à quatre secteurs. Si on prend par exemple le secteur de la pêche, notre pays délivre au moins 120 à 130 licences de pêche. Nos pêcheurs artisanaux ne sont pas dans plus de 35 ou 40 points de pêche entre Soumbédioune et Kafountine.
Mais qui est-ce qui empêche à l'Etat du Sénégal de délivrer des licences de pêche à nos pêcheurs artisanaux et à côté de leur trouver des mécanismes d'accompagnement justement pour pouvoir accéder comme les autres qui ont des licences de pêche ? Parce qu'ils ne sont même pas propriétaires des bateaux et on le sait. Il faut développer avec ces pêcheurs tout ce que l'on appelle les métiers connexes à la pêche comme la production d'outils de pêche, comme la pisciculture», a dit Mame Boye Diao.
Aussi, dira-t-il : «On doit en faire de même dans le secteur de l'agriculture en mettant à la disposition des populations des terres et de l'eau. La solution, c'est de décider par exemple de ne pas faire de route et on prend les milliards pour les mettre dans ces secteurs-là. Il faut une attractivité pour retenir les jeunes dans leurs localités. Vous savez le problème c'est que nos jeunes sont en divorce avec l'Etat sénégalais. Il faut l'accepter parce que considérant que leurs préoccupations ne sont pas prises en compte par les pouvoirs publics ».
Sur les ondes de Iradio, le maire de Kolda a aussi été interpellé sur la fermeture de l'université de Dakar qui continue de faire polémique. Après avoir déploré l'agression de l'UCAD, Mame Boye Diao demande toutefois la réouverture du temple du savoir. «Il faut qu'on les (étudiants)mette devant leur responsabilité au besoin de s'ouvrir. Et s'il y a un autre remous de cette envergure, on ferme. Il faut que les étudiants sachent que c'est un lieu d'enseignement quand bien même que la politique est permise mais que cette violence-là ne doit pas être une réalité.
Il ne faut pas considérer que c'est une affaire d'opposition mais c'est une affaire d'étudiants qui sont politiques qui sont dans les partis au pouvoir comme dans les partis d'opposition. Il faut leur faire comprendre que nous allons vers des échéances électorales mais il ne faudrait pas que ces débordements surgissent à nouveau parce que l'Etat a toujours les moyens de fermer l'université mais je pense qu'on peut trouver des mécanismes qui permettent qu'on apaise les coeurs et que les enseignements reprennent», a dit Mame Boye Diao.
CENA : L'invite de Mame Boye Diao à Macky Sall
Sur la nomination des nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui fait débat, Mame Boye Diao interpelle le Président de la République, Macky Sall. « L'invite que je fais au chef de l'Etat, c'est qu'il faudrait qu'on règle la question de l'appartenance politique éventuelle qui est aujourd'hui née de la composition du dernier décret qu'il a pris pour mettre en place les nouveaux membres de la CENA. S'il y'en a qui ont été partisans résolument, il n'est pas trop tard de bien faire. Qu'on les écarte. Donc, qu'on respecte la loi. S'il y a une seule personne dont le mandat n'est pas arrivé à expiration, remettons en place les bons outils. Le jeu électoral est une affaire sérieuse. Il ne faudrait pas qu'on crée tout de suite les germes d'une contestation électorale plus tard. Et si les préalables sont respectés, je pourrais avoir confiance au fichier électoral», a fait savoir le maire de Kolda.