Madagascar: Haja Rasolofojaona « Grand Tana où créer un ensemble de communes interconnectées dans un territoire cohérent, équilibré et résilient ».

Le Projet de Développement Urbain, Intégré et de Résilience du Grand Tanà avance dans sa phase de mise en oeuvre.

Un projet fort ambitieux qui vise à faire face aux défis urbains importants auxquels la ville d'Antananarivo doit faire face.

Notamment, dans une croissance exponentielle et le développement des quartiers précaires.

A titre d'exemple, il est connu que l'habitat précaire représente 25% des constructions dans la Commune urbaine d'Antananarivo.

Depuis l'année 2003, la superficie des secteurs précaires a augmenté de plus de 50%.

Pour en savoir davantage sur les enjeux importants de la mise en place d'une stratégie de restructuration des quartiers précaires dans la Ville des Mille, nous nous sommes entretenus avec Haja Rasolofojaona, coordonnateur du PRODUIR.

Midi Madagasikara (M.M) : Le 31 octobre a été célébrée la journée mondiale des villes. Pourquoi PRODUIR s'est-il intéressé aux problématiques des quartiers précaires, notamment pour le Grand Tana ?

Haja Rasolofojaona : Avant de parler de problématiques et de quartiers précaires, il faut voir les villes, précaires ou pas, en tant qu'opportunités économiques.

En effet, 3/4 du PIB national y est produit grâce aux services qu'elles génèrent.

Comme une ville est tout un système, le mal fonctionnement d'un maillon ou d'une composante handicape grandement son ensemble.

Du point de vue économique donc, nous avons tout intérêt à agir dans les quartiers précaires car ces derniers freinent, handicapent et mettent en péril même cette opportunité économique que les villes pourraient offrir.

Du point de vue social, les quartiers dit précaires sont les plus vulnérables en tout point de vue : ménages à faible revenu pour la majorité, faible accès aux services de base, logements non décents, etc.

Il faudra redresser cette situation. PRODUIR vise à améliorer la résilience dans le sens large des quartiers des plus vulnérables du grand Tana.

M.M : Pour le cas de la capitale, quelles sont les sources de financement potentielles pour restructurer les quartiers précaires ?

Haja Rasolofojaona : Il y a plusieurs options, mais il y a à la fois le coût de la restructuration curative et la prévention dont le principe est d'éviter que nous devions payer plus cher encore plus tard.

Nous pouvons citer, entre autres, ces sources potentielles de financement : le Fonds de Développement Local (FDL), le Fonds National de Péréquation (FNP), Le Fonds National de l'Aménagement du Territoire (FNAT), le Fonds National Foncier (FNF), le Fonds National de l'Habitat (FNH), le financement par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)...

Ces différentes sources de financement devraient normalement offrir la possibilité́ de réaliser des investissements visant à améliorer l'habitat, les services de base et les services urbains dans les quartiers précaires.

Cependant, elles sont également confrontées à des défis tels que les contraintes budgétaires et le besoin de critères plus clairs pour une allocation efficace des ressources.

M.M : De manière globale, quelle est la vision pour le Grand Tana, à l'échelle de la ville et à l'échelle d'un quartier ?

Haja Rasolofojaona : À l'échelle du Grand Antananarivo, la vision stratégique consiste à créer un ensemble de communes interconnectées dans un territoire cohérent, équilibré et résilient.

Cela par la création d'une armature urbaine organisée, en démultipliant les fonctions urbaines essentielles dans de nouvelles polarités reliées entre elles, la prévention de la prolifération des quartiers précaires et la résilience face aux changements climatiques.

A celle de la ville, il s'agit d'adopter une approche permettant de faire face à la dégradation des milieux urbains exposés aux aléas d'inondation et de glissement de terrain, de protéger les poches de précarité́ dans les zones non aedificandi (non constructible) par des aménagements verts en bordure des canaux et bassins de rétention et par des opérations de reboisements urbains.

M.M : Le thème de la célébration de la Journée mondiale des villes cette année est « le financement d'un avenir urbain durable pour tous ». Comment rendre les villes comme Antananarivo plus durables ?

Haja Rasolofojaona : PRODUIR est financé à hauteur de 125 millions de dollars pour rendre le Grand Tana plus résilient mais cet effort sera vain s'il n'y a pas l'engagement de tous dans la maintenance des et l'entretien des infrastructures à réhabiliter. Pour rendre la ville plus durable, cela nécessite l'engagement de tous et plus particulièrement celui des communautés locales.

Sur ce point, Sheela Patel, la fondatrice de Society for Promotion of Area Resource Centres (SPARC), soutient que « la ressource la plus puissante d'une communauté urbaine pauvre est son organisation : sa capacité́ d'apporter ses propres idées, ses ressources et ses stratégies à la table ».

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